Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Trop vague, peu ambitieux : le plan national santé environnement ne convainc pas
Article mis en ligne le 21 mai 2021
dernière modification le 20 mai 2021

Un nouveau plan national santé environnement, qui vise à réduire les risques sanitaires liés à la dégradation de l’environnement, a été publié le 7 mai. Pas d’objectifs chiffrés, pas de mesures concrètes, peu d’argent pour la prévention... « C’est cohérent avec le refus d’action ambitieuse de ce gouvernement », taclent les associations.

ce plan regroupe un ensemble d’actions visant à prévenir et réduire les risques sanitaires liés à la dégradation de l’environnement. « La crise du Covid a souligné le lien entre santé et environnement : 75 % des nouvelles maladies infectieuses sont d’origine animale, a assuré lors d’un point presse jeudi 6 mai le ministère de la Transition écologique. Nous avons pris un temps supplémentaire dans la préparation du PNSE 4 pour prendre en compte les retours d’expérience de la crise du Covid. »

Concrètement, ce nouveau PNSE se décompose en vingt actions allant de l’identification des substances dangereuses dans l’alimentation ou les objets du quotidien à la surveillance de la santé de la faune animale pour prévenir les « zoonoses » — les maladies se transmettant des animaux à l’humain. Il propose également un volet de prévention et de formation aux risques environnementaux. Parmi les mesures proposées : la création d’un « toxiscore » pour les produits ménagers ou encore l’interdiction des lumières bleues les plus dangereuses dans les jouets pour enfants d’ici 2022. « Barbara Pompili [la ministre de la Transition écologique] va annoncer la pérennisation de l’expérimentation de la surveillance de 75 pesticides dans l’air dès septembre 2021 », a par ailleurs indiqué le ministère.

« La prévention représente seulement 1 % du budget total de la santé » (...)

L’enjeu est de taille : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 14 % de la mortalité en France est due à des causes environnementales. Cela représente environ 84 000 morts par an. Au-delà des décès, les atteintes à l’environnement sont à l’origine de nombreuses pathologies chroniques. Pour les associations, le PNSE n’est pas à la hauteur de ces chiffres. (...)

Pour François Veillerette, porte-parole de l’association Générations futures, c’est « un effet d’annonce, un coup de com’. Globalement le plan n’est pas à la hauteur des enjeux ».

Avec ce quatrième plan, les ministères de la Santé et de la Transition écologique souhaitent s’engager dans « une approche intégrée et unifiée de la santé publique, animale et environnementale autour du concept “un monde, une santé” [1] ». Un concept qu’approuve, sur le papier, François Veillerette, sauf qu’« il n’y a ni chiffres ni mesures concrètes. C’est vide ». (...)

Le militant regrette également « l’incohérence » de cette approche avec les récentes réintroductions de néonicotinoïdes ou avec les velléités d’assouplissement de la législation relative aux « nouveaux OGM » par le gouvernement. « Finalement, c’est cohérent avec le refus d’action ambitieuse de ce gouvernement », résume-t-il.

Autre point négatif : les associations regrettent que ce PNSE attache autant d’importance à la modification des comportements individuels. « Les citoyens sont acteurs de leur santé, certes. Mais il ne faut pas oublier qu’une grande partie de l’exposition aux pollutions vient de notre modèle économique », dit Alain Chabrolle, de FNE. (...)

« Il n’y a rien sur la lutte contre les perturbateurs endocriniens » (...)

Les associations s’inquiétaient aussi de l’absence d’éléments budgétaires. (...)

Le plan comporte aussi des « mesures importantes » et bénéfiques

Les associations reconnaissent cependant quelques avancées par rapport au précédent plan. « Tout n’est pas à jeter », dit François Veillerette. Lylian Le Goff, médecin et membre de FNE, se félicite par exemple de la territorialisation des politiques de santé environnementale. Une mesure importante, qui devrait permettre la mise en place de politiques au niveau des communes et des métropoles. Alain Chabrolle estime pour sa part que le premier axe du PNSE sur l’éducation et la formation est « un levier prioritaire, mais qui n’avance pas aussi vite qu’il le faudrait ». (...)

Le ministère a annoncé l’allocation d’un million d’euros pour la création d’une plateforme « Green data for health », une base de données permettant de croiser les données de santé et les données environnementales « pour faire un lien entre les facteurs environnementaux comme la pollution et les maladies ». « Ça peut être un vrai progrès », dit François Veillerette, qui reste prudent : « J’aimerais que ces données soient en open data [des données dont l’accès et l’usage sont libres]. On verra jusqu’où ira la transparence. »