
« Résistantes », un film de Fatima Sissani · Trois femmes issues de milieux différents dans l’Algérie coloniale racontent devant la caméra, après des décennies de silence, leur prise de conscience puis leur engagement dans le FLN pour la libération de leur pays, la prison, la torture, mais aussi les solidarités et, au-delà des désillusions de l’après-guerre, leur foi en la résistance et leur espoir jamais vaincu d’une société plus libre et plus juste.
Rien ne prédestinait Éveline Lavalette-Safir, née en 1927 dans une famille de la bourgeoisie coloniale vivant en Algérie depuis trois générations, à rejoindre la lutte pour l’indépendance. C’est pourtant dès 1954 qu’à contre-courant de son milieu, elle se met au service de l’un des dirigeants du FLN, Benyoucef Benkhedda, jusqu’au moment où elle est arrêtée à Oran par la police française, le 13 novembre 1956. (...)
Jugée et condamnée à trois ans d’emprisonnement, elle rencontre en prison Zoulikha Bekaddour, étudiante originaire de Tlemcen, militante pour l’indépendance, également arrêtée en 1956. Plus jeune que son amie d’une dizaine d’années, Zoulikha Bekaddour est une personnalité connue à Alger, où elle sera conservatrice en chef de la bibliothèque universitaire après l’indépendance. Membre du bureau de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema) qui, le 19 mai 1956, avait appelé les étudiants et lycéens à rejoindre la révolution, elle entre en clandestinité et travaille sous les ordres de Hadj Benalla, chef adjoint de l’ALN-FLN de la wilaya V, assurant le secrétariat et les liaisons dans la ville d’Oran, puis avec Alger.
Des décennies de silence
À la même époque, Alice Cherki, née en 1936 dans une famille juive algéroise, participe moins directement aux combats de l’indépendance, mais son adhésion à la cause n’est pas moins totale et profonde. Elle poursuit des études de médecine quand, après une conférence de Frantz Fanon organisée en 1954 par l’Association de la Jeunesse algérienne pour l’action sociale (Ajass), elle rejoint l’équipe de ce dernier, alors médecin-chef d’une division de l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville. (...)