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La relève et la peste
Travail forcé, pesticides et pression, la face cachée des produits durables chez Lidl
Article mis en ligne le 4 juillet 2018
dernière modification le 3 juillet 2018

Dans une des plantations visitées, celle de Palmar, 83 travailleurs sur les 100 interrogés indiquaient devoir travailler pendant l’épandage par avion de pesticides sur les champs, « au risque d’être licenciés en cas de plainte ».

Après un an de mobilisation pour dénoncer les atteintes aux droits de l’homme et à l’environnement chez les producteurs d’ananas (Costa-Rica) et de bananes (Equateur) fournissant les enseignes allemandes, les ONG ActionAid et Oxfam ont reçu une réponse peu satisfaisante de Lidl. L’occasion de revenir sur la situation et de renouveler l’appel à agir.

Les fruits de la discorde
Qu’est-il reproché à Lidl au juste ? L’histoire remonte à juillet dernier, quand l’association Oxfam Allemagne publiait un rapport d’enquête explosif sur les conditions de travail des travailleurs dans les exploitations productrices de bananes en Equateur et d’ananas au Costa Rica. L’enquête, menée directement dans 7 plantations avec des interviews de plus de 200 travailleurs, en appelait directement aux grandes enseignes allemandes se fournissant dans ces pays (Lidl, Rewe, Edeka et Aldi) pour faire cesser les injustices qu’elle décrit. Lidl étant aussi implanté en France, le rapport avait été repris par ActionAid pour faire pression sur la filiale française, notamment grâce à une campagne vidéo et un web-documentaire approfondi, titré « Le juste fruit ! ». (...)

Deuxième volet dénoncé par le rapport : le respect du droit du travail dans les plantations. Sont pointées du doigt : des irrégularités de paiement des salaires (non-respect du salaire minimum, pas de retraite, pas de couverture maladie), de parité (travailleuses payées en moyenne 30 % moins que les hommes) ou encore de respect des syndicats (jusqu’à 97 % des travailleurs indiquent ne pas avoir le droit à un syndicat). (...)

Enfin, le rapport dépeint des conditions de travail – et de vie – extrêmement précaires et difficiles : un travail de 5h du matin à 17h pour le salaire minimum, pas de couverture santé en cas de grossesse ou de maladie, pas de contrat de travail écrit. En conséquences, les familles de travailleurs vivent dans des conditions précaires, manquant de meubles, d’eau courante et de diversité alimentaire : « lorsque tu es pauvre, tu dois manger ce que tu peux te permettre », raconte un témoin, dénonçant l’augmentation des prix.

Pourtant, la plupart des plantations sont certifiées par un label, que ce soit la certification Rainforest Alliance (92 % des bananes de Lidl en Allemagne portent la grenouille verte) ou un label équivalent conçu par WWF. Ces étiquettes sont exploitées pour les enseignes pour renvoyer une image responsable, dénoncée comme du « greenwashing » par le rapport d’Oxfam.

En effet, si le label Rainforest Alliance établit quelques principes rudimentaires (pas de travail d’enfants, obligation de payer le salaire minimum et de fournir une protection aux travailleurs), ce n’est pas un label biologique (pas d’interdiction sur l’usage de pesticides comme le glyphosate), ni un label de commerce équitable (comme Faitrade/Max Havelaar qui garantit un prix minimum d’achat et le versement d’une prime de développement).