
La castration physique pour un violeur ? Pourquoi pas, a répondu la ministre de la justice Michèle Alliot-Marie, lors d’un débat parlementaire. Cette conception antique du droit (œil pour œil, dent pour dent) rejoint, dans un autre domaine, celle de la psychiatrie ramenée, au fil des réformes, plusieurs décennies en arrière. Les changements entrepris par M. Nicolas Sarkozy font de tout malade mental un individu dangereux dont la société doit se protéger — et non un être humain qui doit être soigné....
...Il faut le dire avec force : cette psychiatrie, fondée sur la prise en compte du sujet, fonctionne et fait tous les jours ses preuves, même si elle doit sans cesse être interrogée et réinventée. La « crise » actuelle vient de l’impossibilité que l’on fait à cette psychiatrie-là d’exister.
C’est avec elle que M. Sarkozy, comme ses prédécesseurs, veut en finir. D’abord parce que, dans l’esprit du néolibéralisme dominant, la folie est quelque chose qu’il faut neutraliser — c’est le sens des mesures proposées — et gérer, au coût le plus bas possible : les dépenses en psychiatrie sont, dans cet esprit, des dépenses inutiles faites pour des gens inutiles. D’où la rage des évaluations (10), des certifications en tout genre, les tarifications à l’acte, que l’on impose de plus en plus aux soignants. Ensuite, parce que le système a d’autres priorités, en particulier celle de faire face au phénomène massif de la souffrance psychique....
...Enfin, nous assistons au triomphe de la raison froide et calculatrice ; pas la raison des philosophes, mais celle des comptables et des technocrates....
...« Sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, disait François Tosquelles, c’est l’homme même qui disparaît . »