
Les réformes se succèdent dans notre pays, laissant un goût très amer dans la bouche des citoyens. Après nous avoir très pédagogiquement expliqué que nous devions sauver les banques d’une faillite dont elles étaient responsables et ce pour éviter une catastrophe qui aurait touché chacun d’entre nous, on nous explique maintenant que les responsables de la crise, c’est… nous.
Car bien entendu, nous sommes tous en trop. Nous vivons tous aux crochets de quelqu’un. Les chômeurs vivent au détriment de ces pauvres travailleurs, les pensionnés vivent grassement aux crochets de la classe laborieuse, les salariés, insouciants, vivent de leurs patrons qui leur donnent toujours trop. Les fonctionnaires, ces fainéants en surnombre, vampirisent l’Etat qu’il faudrait « dégraisser ». Sans compter toutes ces personnes en âge de travailler et qui pour des raisons familiales, ne travaillent pas. Et il faudrait encore que l’Etat leur verse une pension de survie ! Enfin, ne parlons même pas des étrangers, qui c’est bien connu (...)
Comme le dit Daniel Mermet sur France Inter dans son émission « Là-bas si j’y suis » du 6 décembre 2011, nous vivons le triomphe des idées qui ont fait faillite
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Notre société croissantiste n’a été possible qu’au prix du gaspillage de ressources fossiles à bon marché, ressources dont on sait qu’elles ne sont pas renouvelables et presque épuisées. Mais sachons-le aussi, la croissance a été possible grâce au faible prix du travailleur, prié d’être toujours plus compétitif. Maintenant que nous entrons en récession, la quantité d’emplois rémunérés diminue, le travailleur est donc prié de travailler plus pour moins, et chacun est plus ou moins considéré comme un poids pour les autres. (...)
Les personnes qui n’occupent pas d’emploi rémunéré sont comme frappées d’inutilité. C’est une forme d’aveuglement car en réalité, une grande partie des tâches de la plus haute importance pour les hommes et la société sont réalisées bénévolement. (...)
la logique économique nous explique sans frémir qu’il est plus utile pour la société de fabriquer des armes en touchant un salaire que de s’occuper de son bébé en n’en touchant pas ! (...)
Face à cette logique du toujours plus gros qui méprise l’humain, face à cette logique du « tous de trop », nous objectons qu’un autre monde est possible. Nous pensons même que le choix qui se présente à nous est : soit de sortir de la logique économique, soit de sombrer dans la barbarie engendrée par la croissance des inégalités.
Nous devons reconstruire une société à dimension humaine, une société où chacun est reconnu selon son utilité humaine et non pas économique. Un revenu inconditionnel d’existence et le partage du temps de travail rémunéré sont une partie des réformes que nous jugeons nécessaires. Des entreprises de petites tailles et une agriculture paysanne de proximité pourraient d’ailleurs être pourvoyeuses d’emplois pérennes et remplis de sens pour la société comme pour ceux qui les occupent.
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Bref, même en temps de crise, nous osons croire qu’une société où chacun a sa place est possible, nous osons croire en la décroissance des inégalités, nous osons affirmer que non, nous ne sommes pas tous de trop ! (...)