Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
CADTM
Total nie son manque de vigilance en Ouganda : rendez-vous au tribunal
Article mis en ligne le 11 octobre 2019
dernière modification le 9 octobre 2019

Trois mois jour pour jour après sa mise en demeure par les Amis de la Terre France, Survie et quatre ONG ougandaises au sujet d’un méga-projet pétrolier en Ouganda, le directeur juridique de Total a envoyé in extremis sa réponse à leurs avocats, le 24 septembre. Il aura visiblement fallu au groupe français l’intégralité du délai prévu par la nouvelle loi sur le devoir de vigilance des multinationales pour conclure que tout va bien dans le meilleur des mondes.

En effet, en réponse au dossier complet et étayé transmis par nos associations fin juin, le groupe pétrolier répond en deux pages qu’il se conforme à la loi et n’envisage pas de changer le contenu de son plan de vigilance, ni de réévaluer sa mise en œuvre [1]. Il affirme en outre mettre en œuvre l’étude d’impact du projet Tilenga et les plans de réinstallation prévus, ce que nos organisations ont clairement contesté dans leur mise en demeure fin juin [2].

Depuis trois mois, nos organisations ont pourtant constaté l’absence d’évolution sur le terrain, l’absence de remise en cause des pratiques de la filiale de Total et de ses sous-traitants, et donc l’absence de mise en conformité de la maison mère avec les nouvelles obligations créées par la loi sur le devoir de vigilance. Pire, les pressions se sont accrues sur certaines personnes affectées par le projet (indemnisation toujours pas versée à une partie d’entre elles et pression sur celles qui n’ont pas encore signé les documents liés à leur expropriation), et nos partenaires sur place sont l’objet d’intimidations indirectes [3].

La seule chose qui a changé depuis juin concernant ces deux méga-projets - production pétrolière de 200 000 barils/jour en Ouganda et réalisation du plus grand oléoduc chauffé au monde depuis l’Ouganda jusqu’à un port tanzanien -, c’est la menace de suspendre une partie des activités si les conditions fiscales obtenues auprès des autorités ougandaises ne satisfont pas les objectifs financiers de Total [4]. L’impact sur les droits humains et sur l’environnement n’entre à aucun moment en ligne de compte aux yeux du groupe pétrolier. (...)

Total ne prend pas au sérieux cette loi sur le devoir de vigilance et nie la gravité de la situation en Ouganda. Nos organisations s’apprêtent donc à saisir la justice et appellent à soutenir cette démarche sur totalautribunal.org.