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Centre Primo Levi
Torture et asile : quels soins possibles ?
Article mis en ligne le 7 avril 2015

Lorsqu’on a été séquestré, battu, qu’on a dû fuir son pays et que quelques mois plus tard, à 5 000 km de là, on se retrouve seul dans la queue d’un foyer d’urgence sans aucun repère ni perspective d’avenir, peut-on espérer un jour « guérir » ? La Journée mondiale de la santé, célébrée ce mardi 7 avril 2015, est l’occasion de faire connaître les séquelles physiques et psychologiques des quelques 125 000 personnes* que la torture et la quête de protection ont poussées jusqu’en France, et également de mettre le doigt sur la dégradation affolante de leurs conditions de logement, avec des conséquences directes sur leur état de santé.

Les personnes dont nous parlons sont des survivants de la torture et/ou de massacres perpétrés pour des raisons politiques, ethniques ou religieuses. Ils ont perdu un ou plusieurs membres de leur famille, ont assisté à des scènes d’une violence insupportable, ont subi des traitements inhumains, dégradants, des violences sexuelles. Du jour au lendemain, ils ont été contraints de tout quitter : travail, famille, maison, pays et projets.

Arrivés en France, ils sont souvent encore sous le coup de la sidération provoquée par ces violences extrêmes infligées intentionnellement. La torture les a coupés du monde, les a réduits à l’état d’objet. Aux séquelles de la violence qui les a fait fuir leur pays se sont ajoutés le traumatisme de l’exil et les conditions de voyage souvent terribles (exiguïté de la cachette, manque d’hygiène, confinement, isolement, violences sexuelles imposées par les passeurs pour « monnayer » le passage).

Pour comprendre la situation sanitaire dans laquelle se trouvent ces hommes, ces femmes et ces enfants réfugiés en France, trois articles vous sont proposés :

> Quelles séquelles physiques et psychologiques ?

> Peut-on guérir de la torture ?

> Logement et santé : une préoccupation grandissante (...)

Peut-on guérir de la torture ?

Il est évident qu’on ne peut pas guérir des séquelles de la torture car le traumatisme crée une rupture profonde dans l’histoire des personnes. Longtemps après, la souffrance physique et psychique des survivants perdure. Les séquelles, visibles ou non, font trace de ce qui a eu lieu et qui ne peut être oublié.

Cela dit, on peut apprendre à « vivre avec » les effets de la torture. Tout l’enjeu des soins est de soulager les souffrances et d’aider la personne à sortir du statut de victime. Il se situe également dans le travail de prévention pour éviter que les symptômes ne s’aggravent et ne s’enkystent (c’est-à-dire aillent vers un état chronique ou pathologique) au point parfois de pousser les victimes au suicide.

Il est ainsi possible d’apporter un mieux-être physique, psychique et social à la personne, mais cela suppose des soins appropriés. Or réduire l’impact des traumatismes sur la vie des patients et de leur famille, les aider à retrouver leur dignité et une certaine autonomie peut signifier une prise en charge de longue durée. C’est l’une des particularités du centre de soins Primo Levi, contrairement à ce que peuvent offrir les services de santé publics : les suivis durent en moyenne 2 ou 3 ans. (...)