
Il est significatif qu’après sa victoire historique aux législatives du 30 août 2009, le nouveau premier ministre Hatoyama Yukio (Parti démocratique du Japon) ait nommé comme secrétaire d’Etat aux services financiers et postaux M. Kamei Shizuka. Celui-ci est l’un des plus farouches opposants à la privatisation de la poste, symbole des réformes de l’ancien pouvoir libéral. Mais M. Hatoyama devra aller bien au-delà pour développer le marché intérieur et affirmer l’autonomie du Japon face aux Etats-Unis.
...Le sort réservé à des milliers de salariés précaires lâchés par les entreprises a profondément ému la population. En voyant, en décembre 2008, plusieurs centaines d’entre eux camper dans un parc de Tokyo pendant plusieurs jours, les Japonais ont pris conscience de la nécessité de changer et de revoir le fonctionnement de la société. Les responsables du Parti démocratique ont saisi ce besoin. Concoctant un programme faisant la part belle à une redistribution des richesses, ils ont promis des aides familiales, des subventions à l’agriculture ou encore la gratuité de l’enseignement au lycée....
...La publication des chiffres du chômage de juillet 2009, à la veille du scrutin législatif, a sans doute conforté les électeurs dans leur souhait de changer la donne...
...En votant massivement pour le Parti démocratique, les Japonais ont manifesté leur désir de partage et de justice sociale. En donnant leurs voix à un grand nombre de jeunes candidats et de candidates présentés par le PDJ et pratiquement inconnus sur la scène politique, ils ont également voulu apporter un peu de sang neuf à une classe politique vieillissante incapable de saisir les changements structurels de la société...
...Le Parti démocratique a notamment promis d’abroger la loi sur le travail intérimaire dans l’industrie, qui favorise le recours aux contrats précaires.....ce sujet, délicat, exigera de la part du nouveau gouvernement un courage politique exceptionnel. Il espère parvenir à appliquer cette mesure « sans effrayer les entreprises ». Celles-ci menacent de délocaliser leur production si la flexibilité de l’emploi est remise en cause et si le salaire minimum est augmenté à un niveau jugé insupportable....