
Jamais les commandes n’ont été aussi importantes chez Amazon qu’en cette fin d’année. Pour y faire face, la direction a rendu obligatoire le travail le samedi 28 novembre et les trois suivants : 5, 12 et 19 décembre. En échange les salariés toucheront 37,5 euros bruts par samedi travaillé. Une décision qui a mis le feu au poudre : trois organisations syndicales –Sud (majoritaire), CGT et FO– viennent d’appeler à la grève illimitée à compter d’aujourd’hui sur tous les sites français d’Amazon.
"Pendant la première vague, la direction avait fait un geste en nous augmentant de deux euros bruts par heure, mais cette fois-ci, ils ont refusé toutes nos demandes", s’indigne Gael Begot de la CGT. Seule compensation offerte par la direction : cinq minutes de plus de pause. "Nous avions demandé une prime exceptionnelle de 1.000 euros pour la charge du travail de fin d’année, la conversion massive des intérimaires en CDI et que le travail le week-end se fasse sur la base du volontariat mais la direction a rejeté toutes nos demandes", indique Christophe Boquet de FO. Il n’est pas certain que ce mouvement soit très suivi. Les mouvements sociaux le sont très rarement chez Amazon dont la culture syndicale reste très faible. Mais alors que la direction cherche à tout prix à redorer son image, cette grève tombe très mal.
7 milliards de chiffre d’affaires
Pour l’heure, la direction France d’Amazon n’est pas franchement inquiète. Elle est bien plus occupée à gérer sa croissance exponentielle en cette fin d’année. (...)
Jamais la situation d’Amazon en France n’a été aussi privilégiée. Le géant américain voit en effet son leadership considérablement renforcé par la décision du gouvernement de fermer tous les commerces et d’interdire la vente de "produits non essentiels" en grandes surfaces comme les produits de beauté, parfum, livres, maquillages, vêtements. Un boulevard pour Amazon qui double déjà habituellement ses ventes à cette période de l’année. Conséquence : "Amazon France devrait voir son chiffre d’affaires augmenter de 20% cette année", précise à Challenges Ronan Bollé pour dépasser largement les 7 milliards d’euros !
La mairie de Strasbourg ne veut pas d’Amazon
Pas question de triompher pour autant, la direction d’Amazon sait trop à quel point son image est dégradée aujourd’hui : appel au boycott par des élus au premier rang desquels Anne Hidalgo, la maire de Paris, publicité d’Intermarché ciblant directement Amazon ou Michel Edouard Leclerc qui se demande si Jean Castex n’est pas "le meilleur employé d’Amazon en France"… au point désormais de compliquer son implantation. A Strasbourg, Jeanne Barseghian, la présidente de la communauté urbaine a alerté la préfecture sur "l’impact négatif direct qu’engendrerait le projet d’implantation d’un entrepôt de 19 hectares" et pointe notamment le risque important de "destruction nette d’emplois". Embarassé, le gouvernement tente de calmer le jeu : Bruno Le Maire refuse de faire d’Amazon un "bouc émissaire". (...)
Des salariés traqués
La pénibilité du travail engendre une augmentation des accidents du travail et de l’absentéisme. D’après le rapport Syndex de septembre 2019, les "taux d’absentéisme et d’accident du travail continuent de progresser : la maladie est la principale cause des absences". Pour y répondre, la direction a même créé une prime de présence. (...)
La productivité effective des salariés peut être mesurée grâce à l’outil de scan des commandes. "Nous avons la possibilité de savoir à quel rythme une personne scanne son produit", confirme Ronan Bollé. A contrario, cet outil peut aussi interpréter une trop faible cadence. "Plusieurs salariés ont reçu des avertissements pour scannage insuffisant réinterprété par l’entreprise comme temps de pause excessif, souligne un délégué syndical central, un contentieux est en cours, nous avons également saisi la Cnil sur ce fichage, nous attendons toujours son retour." Pour la direction de l’entreprise, "ces comportements sont très marginaux", insiste Ronan Bollé qui "assure être à jour de toutes les déclarations faites à la Cnil".
2.000 robots à Brétigny
Pour faire face à la demande, Amazon mise aussi sur l’automatisation et la robotisation. C’est un sujet stratégique pour l’entreprise qui finance même des programmes de recherche auprès d’universités américaines. (...)
Les salariés craignent que cette mécanisation entraîne à terme une baisse de l’emploi dans les entrepôts. "Le tout nouvel entrepôt de Brétigny-sur-Orge est équipé de 2.000 robots, mais comprend nettement moins de salariés au mètre carré qu’ailleurs", souligne un délégué FO. "Notre objectif est précisément de soulager, par ces robots, nos salariés des tâches les plus pénibles", rétorque Ronan Bollé.
Une participation très inférieure à la moyenne
Les salariés, comme le gouvernement aimeraient surtout que la richesse produite par Amazon soit un peu mieux redistribuée. (...)
230 millions d’impôts directs
De son côté, le gouvernement reproche à Amazon de ne pas payer suffisamment d’impôts en France et s’apprête à recouvrer une nouvelle taxe qui visera l’ensemble des Gafa. (...)
L’entreprise ne communique toujours pas précisément le montant d’impôt sur les sociétés. Une situation pas encore tout à fait assumée
Ça se passe comme ça chez #Amazon : pour faire face à l'afflux de commandes lié au reconfinement, la direction veut obliger les salariés à travailler le samedi !
Attac soutient les salariés d'@AmazonNewsFR en grève !
Cc @cgt_amazon @fdSUDcommerceshttps://t.co/NDtn5x1IgY]
— Attac France (@attac_fr) November 11, 2020
Remercions @EmmanuelMacron et @BrunoLeMaire qui ont su jouer leur rôle de Père Noël pour le petit Jeff 🎅
Leur incroyable ténacité (complicité) va permettre l’implantation d’#Amazon en 🇫🇷 malgré l’opposition des #commercesphysiques ! 👏👏 #StopAmazon
⏬⏬⏬ Explications ⏬⏬⏬
— Les Amis de la Terre FR (@amisdelaterre) November 10, 2020
Stoppons l’expansion d’Amazon !
Amazon prévoit d’ouvrir 20 nouveaux projets d’entrepôts Amazon en France d’ici à l’année prochaine. S’ils voyaient le jour, on compterait 100 000 destructions d’emplois sur notre territoire. En effet, les dernières études réalisées aux Etats-Unis, où Amazon est déjà très implanté, montrent qu’1 emploi créé chez Amazon est responsable de la destruction de 4,5 emplois dans le commerce traditionnel.
A l’heure où les commerçant·es de proximité n’ont jamais été autant menacé·es par la concurrence d’Amazon, ces nouveaux entrepôts les achèveront et participeront à des faillites en cascade. (...)