
Dans une lettre ouverte, des professionnels de santé interpellent Olivier Véran, le ministre de la Santé, sur le niveau de circulation du Covid-19 chez les enfants. Ils s’inquiètent des conséquences sur la santé des plus jeunes et réclament des mesures pour freiner l’épidémie à l’école.
"Monsieur le ministre. Nous, professionnels de santé, mobilisés sans relâche depuis le début de la pandémie de coronavirus, sommes très inquiets du niveau actuel de circulation virale du coronavirus parmi les enfants et adolescents en âge scolaire.
Depuis début novembre, plus de 300.000 enfants et adolescents ont été confirmés positifs au Covid-19. Les hospitalisations d’enfants en services conventionnels et en soins intensifs, ont dépassé les pics de toutes les vagues précédentes, avec plus de 800 enfants de moins de 10 ans et 300 adolescents de 10 à 19 ans hospitalisés en six semaines, et ces chiffres ne cessent d’augmenter.
Nous nous attendons à une vague inédite dans les semaines à venir de prise en charge d’enfants atteints du syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique (PIMS), ainsi que de séquelles liées à l’évolution, dans certains cas, d’une forme durable de la maladie ("covid long pédiatrique").
La dernière étude de l’équipe dirigée par Vittoria Colizza estime que le virus circule plus dans les établissements scolaires, du primaire et du secondaire, que dans la communauté à la même période, montrant que les contacts au sein des écoles augmentent le potentiel de transmission du SARS-CoV-2 par rapport à la communauté. D’ailleurs, dans de nombreux départements, la reprise épidémique a clairement démarré à l’automne par des clusters en milieu scolaire. Un des premiers clusters du variant Omicron a été détecté également en milieu scolaire.
Si le rôle de l’école n’est pas discutable, nous déplorons cependant les faibles moyens déployés jusqu’à présent par le ministère de l’Education nationale pour freiner l’épidémie dans les écoles, que ce soit pour lutter contre le risque aéroporté de contamination, comme pour organiser des campagnes de tests efficaces.
Nous sommes également inquiets des propos de certains experts, qui continuent de minimiser l’impact du Covid-19 sur les enfants et mettent en question l’intérêt de la vaccination pour les enfants de 5 à 11 ans, au moment même où la campagne de vaccination va être lancée en France et nécessite un important effort pour obtenir l’adhésion de parents.
Nous constatons un engorgement des services hospitaliers pédiatriques, une tension hospitalière très marquée et une surcharge très importante de la médecine de ville. Il est important de tout faire pour minimiser les risques de transmission dans toutes les tranches d’âge, et particulièrement dans les écoles. L’absence de prévention en milieu scolaire retentit in fine sur les soins de toute la population, puisque le temps médical n’est pas extensible à l’infini. (...)