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Suisse La traduction politique d’un sentiment d’abandon
Article mis en ligne le 6 mars 2014
dernière modification le 3 mars 2014

En ratissant large, en fédérant les divers malaises et mal-être provoqués par le capitalisme néolibéral, tous attribués à la seule «  immigration de masse  », l’UDC a réussi son coup. Une faible majorité populaire a ainsi approuvé le retour des mesures de contingentement des migrant·e·s et la renaissance probable du statut honni de saisonnier.

A cause de ses effets déstabilisants sur les relations avec l’Union européenne et les accords bilatéraux, le résultat du vote de ce 9 février a été quelquefois comparé, dans la presse, au vote du 6 décembre 1992, lorsque l’entrée dans l’Espace économique européen (EEE) fut rejetée et que le conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz parla de «  dimanche noir  ». C’est le cas de la Neue Zürcher Zeitung (NZZ), qui explique  : «  Deux dates sont indissolublement liées avec un nom. Le 6 décembre 1992, Christoph Blocher, presque tout seul, force la Suisse à emprunter la voie des bilatérales. Le 9 février 2014, c’est justement cet itinéraire qui est abandonné. Ceux qui avaient tiré un trait sur Blocher après sa non-élection au Conseil fédéral ont eu tort.   »

Dans la même perspective, en comparant sommairement la répartition géographique et linguistique, a priori similaire, de ces deux votes, la thèse du fossé (Graben) entre la Suisse alémanique et la Suisse romande a été remise au goût du jour. (...)

De nombreuses études ont déjà montré que le vote xénophobe n’était pas lié à la présence plus ou moins forte d’étrangers, mais qu’il y avait presque une relation inversée entre le rejet xénophobe et la population étrangère. Ce paradoxe ne trouve un début d’explication que si l’on admet d’une part que le vote xénophobe exprime autre chose et plus que l’aversion des migrant·e·s d’une part et que d’autre part ces régions périphériques connaissent une crise rampante depuis plus d’une décennie. Le Courrier du 10 août 2012 rappelait que l’agriculture suisse, à la suite de la mise aux normes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), avait perdu près de 40 000 emplois en onze ans. Sans compter les emplois induits.

Ajoutez-y la fermeture de l’office de poste ou son transfert au bourg le plus proche, la disparition du dernier bistrot et de l’épicerie et vous aurez les raisons matérielles d’un sentiment d’abandon, d’un basculement du monde traditionnel, voulu par les métropoles envahies d’étrangers. Une angoisse et une suffocation affublées désormais de la notion, d’origine biologique, de stress lié à la densité ou à la surpopulation (Dichtestress). On en reparlera bientôt à propos de l’initiative dite EcoPop, «  Halte à la surpopulation – oui à la préservation durable des ressources naturelles  ». (...)