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Sous-traitance nucléaire : vers « une relation de maître à esclave » ?
Article mis en ligne le 15 octobre 2010
dernière modification le 14 octobre 2010

On compte 440 centrales nucléaires dans le monde, et 34 en construction. La Russie vient d’inaugurer la première centrale nucléaire flottante - et mobile. Annie Thébaud-Mony, directeur de recherche à l’Inserm, spécialiste des questions de santé au travail, revient sur la situation des travailleurs du nucléaire en France. Et s’interroge : « Si, ici, nous sommes confrontés un système qui parvient à masquer les cancers professionnels, que va-t-il se passer ailleurs ? » (...)

L’autre élément qui revient souvent, c’est la dégradation constante de leurs conditions de travail et d’emploi. La répression syndicale est très forte. Les rapports avec le « client » sont très durs. L’obligation de résultat est constante. Elle leur est toujours rappelée, avec cette menace de perte d’emploi s’ils n’y arrivent pas. Ils ressentent, en plus, une diminution du temps et des moyens pour s’acquitter correctement des tâches qui leur sont demandées : moins de préparation de chantier, moins de matériel, moins de personnes. Et, évidemment, moins d’études en amont sur les doses de radioactivité qu’ils peuvent recevoir sur tel ou tel chantier. (...)

La sous-traitance est un choix délibéré de faire accomplir par un travailleur extérieur une tâche qui était autrefois effectuée en interne. Pour des raisons de moindre coût économique, certes. Mais aussi pour ventiler les doses de radioactivité reçues par le personnel. (...)

Plusieurs sous-traitants m’ont rapporté que leur employeur, se rendant compte que leurs travailleurs qualifiés sont en limite de dose, font pression pour qu’ils déposent leur dosimètre. Les délais raccourcis et le manque de moyens leur font dire : « ne prends pas ton dosimètre, sinon, on ne va jamais y arriver ». C’est évidemment, pour les sous-traitants, une source de tensions psychologiques très fortes. Et une pratique qui augmente la probabilité de contracter une maladie grave due à une surexposition.(...)

Les syndicats ont pris conscience de l’importance de ces questions. Ils sont actifs et essaient de se mobiliser mais la répression syndicale vis à vis des sous-traitants est telle que leur marge de manœuvre est réduite. (...)

Je suis très inquiète de la diffusion des centrales nucléaires aux quatre coins de la planète. La maintenance sera effectuée par des travailleurs qui risquent de n’avoir aucun droit. (...)