
À la COP26, au moins dix-neuf pays, dont le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada, se sont engagés à ne plus financer les énergies fossiles à l’international d’ici 2022. La France ne fait pas partie des signataires et « abandonne ainsi complètement son leadership international sur le climat », selon Greenpeace.
Finis, les investissements à l’étranger dans des centrales à charbon, des plateformes pétrolières ou des mines de lignite. La Chine, tout comme la France, sont, elles, aux abonnés absents. Elles ne faisaient pas non plus partie de la coalition de 190 pays et organisations qui s’est engagée à sortir de l’énergie au charbon à partir de 2030.
« Investir dans des projets liés aux combustibles fossiles non assortis de systèmes de capture du carbone comporte de plus en plus des risques sociaux et économiques », ont justifié les signataires dans cette déclaration, diffusée ce jeudi 4 novembre au Scottish Event Campus (SEC), qui abrite le sommet. L’enjeu est de taille : selon l’ONG Oil Change International, entre 2018 et 2020, les pays du G20 ont financé de tels projets à hauteur de 188 milliards de dollars, principalement via des banques multilatérales de développement.
Le plan annoncé ce jeudi, à l’initiative de Londres, va plus loin que les promesses du G20 le week-end dernier : il inclut pour la première fois gaz et pétrole, avec pour but de réorienter les financements vers les énergies renouvelables. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), pour pouvoir préserver l’objectif de +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, il faudrait immédiatement cesser tout financement de nouveaux projets dans les énergies fossiles. (...)
« Le Giec est clair comme de l’eau de roche : pour éviter une catastrophe climatique, il faut mettre fin à notre dépendance aux combustibles fossiles — et l’élimination progressive du financement est une étape essentielle », a commenté Jennifer Layke, directrice des programmes énergie au World Resources Institute, qui s’est félicitée de cet accord. (...)
La production et la consommation de gaz fossile doivent baisser drastiquement pour respecter l’Accord de Paris
« En même temps, poursuit-il, cette absence est cohérente avec le double jeu d’Emmanuel Macron, qui tient de beaux discours sur le climat et, dans le même temps, pousse à mort pour que le gaz et le nucléaire soient inclus dans la "taxonomie verte" européenne des investissements dans les énergies vertes. » La France aurait, en effet, cosigné un texte avec la Pologne, la Hongrie et la République tchèque, des pays pro-gaz, afin de faire accepter ce combustible fossile dans la liste (ainsi que le nucléaire). « Cela détruirait toute la crédibilité de cet outil essentiel pour réorienter les flux financiers vers la transition », regrette Clément Sénéchal. Cette liste revient en effet à flécher une manne de plusieurs milliards vers les infrastructures officiellement adoubées pour leur contribution à la transition énergétique. (...)