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Sombre anniversaire nucléaire à Hiroshima et Nagasaki
Article mis en ligne le 7 août 2020

Les 6 août et 9 août 1945, les villes japonaises d’Hiroshima (340 000 habitants) et de Nagasaki (195 000 habitants) subissent le feu nucléaire de la part des Etats-Unis. Ces deux bombardements feront entre 155 000 à 250 000 morts, précipiteront la fin de la seconde guerre mondiale dans le pacifique et marqueront l’acte inaugural de la guerre froide. (...)

La bombe atomique d’Hiroshima couverte par un brevet français ?

L’énergie atomique se manifesta publiquement pour la première fois le 6 août 1945 : destruction à peu près complète et instantanée d’Hiroshima. La « performance » fut répétée trois jours plus tard sur Nagasaki avec le même succès. Si la surprise fut grande dans l’opinion publique, parmi les savants il n’en fut rien car ils envisageaient ce développement scientifique depuis 1939. Contrairement à ce qui a été écrit plusieurs années plus tard, ces destructions de masse ne traumatisèrent ni le milieu scientifique ni l’opinion publique. Elles furent perçues comme le début d’une ère nouvelle, « l’âge atomique » confirmant la fiabilité de cette nouvelle source d’énergie. Le mercredi 8 août 1945, on put lire à la une du journal Le Monde : « Une révolution scientifique : Les Américains lancent leur première bombe atomique sur le japon ». L’unanimité fut assez parfaite dans l’ensemble de la presse. L’ampleur du désastre, ces êtres humains qui, en quelques millionièmes de seconde, furent « volatilisés » et ne laissèrent qu’une ombre sur les murs, loin de déclencher horreur et indignation, fut reçue comme la preuve objective d’un avenir radieux pour une humanité qui allait enfin être débarrassée à tout jamais des contraintes du travail. La matière se révélait source inépuisable d’énergie, qu’il serait possible d’utiliser partout sans limite, sans effort, sans danger. D’invraisemblables projets étaient présentés sérieusement comme à notre portée dans un avenir très proche. On parlait de faire fondre la glace des pôles par bombardement atomique pour produire un climat tempéré sur la terre entière, d’araser le Mont Blanc ou de combler la Méditerranée pour irriguer le Sahara (Joliot), etc.
Le délire scientiste n’a plus jamais atteint de tels sommets. Les explosions sur le Japon furent glorifiées et bénies par tout ce que l’establishment scientifique avait de disponible
(...)

La seule voix discordante fut celle d’Albert Camus dans l’éditorial de Combat le 8 août 1945 : « Le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de chose. C’est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d’information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d’une foule de commentaires enthousiastes, que n’importe quelle ville d’importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d’un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l’avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. [...] Il est permis de penser qu’il y a quelque indécence à célébrer une découverte qui se met d’abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles ». Ces positions lui valurent, quelques jours plus tard, de violentes critiques. (...)

Les journaux mentionnent à de nombreuses reprises la part jouée par la France dans cette prodigieuse découverte. Ainsi on trouve dans le Figaro du 9 août 1945 un communiqué de l’AFP : « Paimpol 8 août - M. Joliot-Curie fait de Paimpol la communication suivante : L’emploi de l’énergie atomique et de la bombe atomique a son origine dans les découvertes et les travaux effectués au Collège de France par MM. Joliot-Curie, Alban et Kowarski en 1939 et 1940. Des communications ont été faites et des brevets pris à cette époque ».
Un de ces brevets porte sur les « Perfectionnements aux charges explosives », brevet d’invention n° 971-324, « demandé le 4 mai 1939 à 15 h 35 min à Paris ».
Cependant, personne en 1945 n’osa réclamer au gouvernement américain des royalties, bien que finalement on affirmât que la destruction de Hiroshima était couverte par un brevet français ! Seul un bénéfice moral était attendu en exigeant que l’opinion mondiale reconnût la contribution française aux massacres d’Hiroshima et de Nagasaki.