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l’Humanité
Santé. À Toulouse, l’angoisse du pic de la deuxième vague
Article mis en ligne le 9 novembre 2020

Déjà épuisés et en manque d’effectifs, les soignants redoutent l’arrivée d’un flux massif de patients Covid d’ici deux semaines.

Samedi, à Toulouse, les personnels soignants n’ont pas confiné leur colère. Une manifestation a parcouru le centre-ville avec pour mot d’ordre « Un plan d’urgence pour la santé », alors que la situation est de plus en plus brûlante. Le nombre de patients positifs au Covid ne cesse de grimper dans les hôpitaux toulousains : 115 il y a trois semaines, 204 aujourd’hui (dont 39 en réanimation).

« À la différence de la première vague, on n’a pas déprogrammé massivement les interventions auprès des patients non Covid », relate ­Sylvain, manipulateur en radiologie aux urgences et au bloc opératoire de l’hôpital Rangueil. Conséquence pour le personnel, « nous avons un rythme de travail beaucoup plus soutenu. Pour chaque malade Covid, nous devons revêtir une tenue spéciale, faire un nettoyage du matériel, cela prend du temps. Nous faisons la nuit ce que nous n’avons pas pu faire le jour. C’est une course contre la montre. Cette charge accrue de travail n’est pas compensée par du personnel supplémentaire. Pire, j’ai des collègues testés positifs qui n’ont pas été remplacés… et d’autres qui ont été obligés de venir travailler », poursuit Sylvain.

« On est au bout de ce système » (...)

« Quand les patients arrivent, on mesure leur taux d’oxygène. Mais on travaille à la chaîne, sans humanité ! Les patients sont stressés et on n’a pas le temps de les rassurer, de leur expliquer correctement leur état. On ressent plus d’agressivité. Le personnel est fatigué. L’augmentation de 112,80 euros que nous percevons depuis octobre vise à nous retenir, mais des collègues contractuels ont pré féré partir. »
Des équipes épuisées

De son côté, Justine (1), aide-soignante, ne travaille pas pour le système hospitalier mais pour une association médico-sociale, l’Union cépière Robert-Monnier (Ucrm), qui vient en aide aux personnes en grande difficulté, sans abri ou migrantes. « Avec le Covid, le travail est plus stressant, confie-t-elle. C’est difficile d’expliquer les gestes barrières et de rassurer les personnes que nous prenons en charge et qui souffrent d’autres pathologies. Deux patients ont été testés positifs. » Mais le personnel de cette association semble moins mal loti que celui de l’hôpital. « Nous disposons du matériel de protection et nous sommes en nombre suffisant », poursuit Justine, qui se plaint surtout de son salaire au ras des pâquerettes : « Moins de 1 300 euros net par mois. »

La grande crainte que partagent les soignants se concentre sur les prochaines semaines. (...)