
Samia a quitté l’Algérie avec ses deux enfants, de 8 ans et un an et demi, pour rejoindre son mari en Turquie. Ensemble, ils ont ensuite pris la route des Balkans direction Nice, en France, où vit la soeur de Samia. Mais la famille est aujourd’hui coincée dans le nord de la Serbie, en attendant de passer la frontière hongroise.
Samia* est arrivée à Horgos depuis une semaine. En attendant de franchir la frontière hongroise, elle passe ses journées dans un camp de fortune, où survivent, comme elle, une centaine de personnes. La plupart dorment dans des tentes, mais certains exilés, comme Samia, ont pu trouver refuge dans les quelques petites maisons abandonnées de ce village situé en plein champ. À l’écart des autres migrants, en majorité marocains, l’Algérienne de 34 ans occupe une petite pièce longue et étroite avec son mari et ses deux enfants : Zayneb, 8 ans, et Wassim, un an et demi.
"J’ai quitté Alger avec les deux petits car je voulais rejoindre mon mari, installé en Turquie depuis quatre ans, pour qu’ensuite, on aille ensemble en France. Notre but, c’est d’aller à Nice car ma sœur habite là-bas. Le chemin jusqu’ici a été très difficile. D’abord, on a voulu passer par la Grèce : on a essayé cinq fois, sans succès. Alors on a décidé d’aller en Bulgarie. Là aussi, ça a été très compliqué. J’ai compté, on a fait 15 tentatives. Mais on a réussi. On a ensuite traversé le pays et passé la frontière serbe. Et nous voilà ici.
La prochaine étape, c’est la Hongrie, mais on n’a pas encore essayé. J’attends de voir moins de police. Ça a l’air vraiment très dur de passer de l’autre côté. Et quand je vois les gens du camp revenir de la frontière, ça me fait peur.
Les refoulements illégaux - ou pushbacks - sont presque systématiques à la frontière hongroise. "[Des policiers] m’ont donné des coups de pieds et j’ai fini par tomber. Il y a un coup en particulier dont je me souviens, à la jambe, car j’ai senti mon os se casser", a raconté à InfoMigrants Khaled, un exilé syrien qui a tenté de rejoindre la Hongrie il y a trois ans (...)
La mer, "c’est trop dangereux"
On aimerait bien quitter cet endroit et aller à l’hôtel, mais nous n’avons pas les moyens. Rien qu’un trajet en taxi jusqu’au centre du village, c’est 30 euros, parfois 50. Alors tant pis, on reste là. Wassim n’a pas l’air trop perturbé pour l’instant. La journée, il joue à l’extérieur de la maison, il reste le petit garçon qu’il est. Zayneb, elle, est plus triste. Elle reste beaucoup avec moi, dans cette pièce.
C’est très difficile d’être ici, mais je ne retournerai pas en Algérie. Là-bas, on n’avait rien, alors que mon mari a un diplôme. On vivait dans un logement délabré, nous n’avions pas une vie digne. Alors bien sûr, pour quitter le pays, il y a la mer. C’est beaucoup moins long, mais je me suis résignée. C’est trop dangereux. (...)
Tout ça, je le fais pour offrir une vie meilleure à ma famille. À Zayneb et Wassim, mais aussi à mes deux autres enfants restés en Algérie. Eux, je n’ai pas pu les emmener avec moi."