
De Gandrange à Florange en passant par la permanence du candidat président....
Environ 150 salariés de l’aciérie ArcelorMittal de Florange ont fait le déplacement de la Moselle pour se rendre à Paris, jeudi 15 mars, afin de manifester devant le siège de campagne de Nicolas Sarkozy. Au cœur de leur démarche, la question du travail, thème toujours exploité par le candidat président, leur volonté d’échapper à la logique terrible du capital qui casse l’emploi, rejette au chômage, lamine les salaires et en conséquence l’ensemble des acquis sociaux, propose dans le meilleur des cas « Un CDD sinon Rien »… Les ouvriers ont été chassés par les CRS, les boucliers et le gaz lacrymogène. Un comité d’accueil qui suscite quelques questions de première importance sur l’orientation politique du candidat président… (...)
L’intention des ouvriers qui ont fait le déplacement était claire : débattre avec le sommet de l’état de l’avenir des hauts-fourneaux de Florange à l’arrêt depuis plus de six mois.
Après Gandrange où des engagements avaient été pris par le président de la république avant d’être abandonnés, les ouvriers de la sidérurgie présents à Paris comptaient exploiter la période électorale comme un moyen de pression sur le candidat encore président.
« A froid, il s’engage, puis se dédit sans conséquence » lâchait un des sidérurgistes présents. « Vous vous souvenez de Gandrange » ajoutait un autre. « Mais là, avec la pub de la campagne électorale, si on obtient un mot, il ne pourra plus faire machine arrière, on le poussera jusqu’au bout ! », concluait un troisième… « Et quel que soit l’élu, il devra respecter les engagements pris… ». (...)
Après l’intervention des CRS ce 15 mars devant le local du candidat UMP, les ouvriers étaient fous de rage. Quelques réflexions laissaient paraître l’ampleur de la colère… (...)
En déplacement à Suippes, dans la Marne, Nicolas Sarkozy a accusé la CGT, en particulier, d’avoir voulu une opération politique et a dénoncé une « petite manœuvre ». « Les gaz lacrymogènes, ce n’est jamais bien, mais je ne suis pas décidé à laisser casser qui que ce soit. Dans la République, on se comporte comme des républicains », a-t-il dit à la presse.
Mais qui voulait casser ?
Demander une entrevue pour défendre son emploi, son statut, son salaire, est-ce une démonstration de casse quelconque ? (...)
La violence qu’il faudrait combattre n’est-elle pas précisément celle qui rejette dans bataillons de travailleurs pauvres ces ouvriers qui n’ont que leur travail pour vivre ?
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Au meeting de Villepinte, pour une des toutes premières fois dans notre histoire récente, le président candidat à la tribune est parvenu à faire huer les pauvres, les smicards, les bénéficiaires de RSA qui par définition sont « responsables de leur sort » par des dizaines de milliers de ses partisans.
Le climat nous ramène quelques décennies en arrière, du temps d’un maréchal qui n’hésitait pas à faire à la fois des syndicats et des ouvriers, pour peu qu’ils aient fait preuve d’indépendance et de détermination pour la défense de leurs intérêts de classe, l’ennemi à combattre…
Sur le terrain politique, cela dégage une orientation qui dépasse les petites phrases, la course à l’échalote avec l’extrême droite pour de simples préoccupations électorales.
Sur le plan électoral, l’UMP compte sans doute sur le basculement à l’extrême droite de couches sociales démoralisées qui se sentent à la fois délaissées, méprisées, et trahies.
Mais sur le plan de la vie, de la lutte des classes, nul ne peut dire… Parmi les forces en présence, le Front de gauche qui a fait des usines sa cible, contre l’emprise de l’extrême droite et à travers elle de la droite sur le monde ouvrier au nom de « la valeur travail », a vu juste… (...)