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Amnesty International
SOUDAN DU SUD STIGMATISÉES, VIOLÉES, PUIS ABANDONNÉES
Article mis en ligne le 24 juillet 2017

Au Soudan du Sud, des milliers de personnes, des femmes, des filles et des hommes, ont été violées et agressées sexuellement à cause de leur appartenance ethnique. Sans personne vers qui se tourner pour obtenir de l’aide, elles se trouvent dans un état de détresse psychologique total dans un pays en plein conflit.

Il s’agit de violences sexuelles préméditées à grande échelle. Des femmes ont été violées en réunion, agressées sexuellement au moyen de bâtons et mutilées au couteau.

Il est arrivé que les agresseurs tuent les femmes qu’ils venaient de violer. Ils ont même mutilé le sexe d’une femme au couteau, après l’avoir violée, parce qu’elle avait tenté de résister. Elle a succombé à ses blessures quatre jours plus tard.

Des hommes ont aussi été agressés. Certains ont été violés, d’autres ont été castrés ou ont eu les testicules transpercées par des aiguilles. Dans un cas particulièrement sordide, quatre militaires de l’armée gouvernementale ont inséré de l’herbe dans le rectum d’un jeune homme, y ont mis le feu et l’ont regardé brûler vif.

VIOLÉES ET AGRESSÉES EN RAISON DE LEUR ORIGINE

De très nombreuses victimes ont été visées en raison de leur appartenance ethnique, de plus en plus perçue comme une allégeance politique au régime ou à l’opposition.

Les auteurs appartiennent à chacune des parties au conflit, qui oppose les forces gouvernementales du président Salva Kir, du groupe Dinka, aux forces d’opposition de Riek Machar, au groupe Nuer, ainsi que les groupes armés qui leur sont alliés.

Certaines des agressions semblent avoir pour objectif de terroriser, d’avilir et de déshonorer les victimes, ou encore d’empêcher des hommes de groupes politiques rivaux de procréer.

Dans la plupart des cas sur lesquels nous avons enquêté, des hommes dinkas s’en sont pris à des femmes nuers et des hommes nuers à des femmes dinkas. (...)

FACE AUX VIOLENCES SEXUELLES : L’INSUPPORTABLE SILENCE DES DEUX CAMPS

Les conséquences de ces actes indéfendables, affaiblissent les victimes physiquement et psychologiquement. Le cours de leur vie est changé. De nombreuses femmes sont rejetées par leur mari et leur belle-famille et stigmatisées par la société.

Il est temps que les autorités sud-soudanaises

  prennent des mesures volontaristes pour enrayer cette vague de violences sexuelles, en commençant par envoyer un message clair de tolérance zéro

  diligenter immédiatement une enquête indépendante et efficace sur les agressions perpétrées

  et veiller à ce que les responsables présumés soient amenés à rendre des comptes dans le cadre de procès équitables.

  préviennent les violences sexuelles, notamment en écartant les suspects des forces armées jusqu’à ce que les allégations les mettant en cause soient confirmées ou infirmées de manière indépendante. Il faut que les victimes obtiennent justice, soins médicaux et réparation.

Les forces d’opposition doivent, elles aussi :

  interdire les violences sexuelles dans leurs rangs

  mettre en place des mécanismes solides pour surveiller leurs combattants

  coopérer à toutes les enquêtes et poursuites dont leurs membres sont susceptibles de faire l’objet en vertu du droit international.

* Les noms de toutes les victimes ont été modifiés afin de protéger leur vie privée et leur sécurité.