
À la suite des révélations de Mediapart sur l’ordre écrit du gouvernement français de ne pas procéder en 1994 à l’arrestation de génocidaires rwandais identifiés, six avocats de parties civiles ont conjointement réclamé au parquet de Paris, mardi 23 février, la réouverture d’une enquête judiciaire sur le rôle de la France durant le génocide.
(...) Les avocats, qui représentent diverses associations et ONG (Survie, Ligue des droits de l’homme, Fédération internationale des droits de l’homme), ainsi que des victimes rwandaises, demandent notamment les auditions du ministre des affaires étrangères au moment des faits, Alain Juppé, du secrétaire général de l’Élysée, Hubert Védrine, ainsi que de l’actuel directeur de la DGSE, Bernard Émié, conseiller d’Alain Juppé au Quai d’Orsay à l’époque.
« Le télégramme diplomatique révélé est indubitablement un nouvel élément de nature à donner à l’information judiciaire de nouveaux développements utiles à la manifestation de la vérité, notamment en ce qu’il met en lumière le soutien actif des plus hautes autorités françaises à des responsables rwandais », soulignent les avocats, Mes Plouvier, Foks, Heinich-Luijer, Bourdié, Baudoin et Tubiana.
Leur demande est formulée dans le cadre d’une enquête dont le juge d’instruction a annoncé en 2018 la fin des investigations, sans mise en examen. Le parquet, auquel il revient de rendre un réquisitoire définitif (toujours pas rédigé deux ans plus tard) avant la clôture finale du dossier, a toutefois la possibilité de relancer les investigations à la faveur de l’apparition d’éléments nouveaux.
Mediapart republie ci-dessous son enquête du 14 février. (...)