Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
l’Humanité
Risque de pénurie de médicaments : qu’est-ce que le gouvernement attend pour réquisitionner ?
Article mis en ligne le 31 mars 2020

Les hypnotiques, les curares et les antibiotiques vont-ils manquer ? Les responsables de l’AP-HP alertent sur un important risque de rupture de stock de ces médicaments indispensables à la réanimation des patients Covid +. Les conséquences pourraient être dramatiquesSelon le dernier rapport du ministère de l’Intérieur du 25 mars, « les hôpitaux civils n’ont qu’une semaine d’approvisionnement, tandis que les hôpitaux militaires n’ont plus que 2,5 jours de stock, contre quinze jours en temps normal ». « Si on ne fait rien très rapidement, le manque de médicaments pourrait être dramatique et empêcher la bonne prise en charge des patients », alerte le Dr Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP.

Cette baisse considérable des stocks est due à l’afflux de patients Covid + dans les services de réanimation. (...)

Samedi, Édouard Philippe a admis l’existence de « tensions d’approvisionnement » sans reconnaître le risque d’une pénurie. Le premier ministre a également promis d’« encourager l’augmentation de la production nationale et mondiale », mais sans annoncer de mesures concrètes. (...)

Pourtant, de nombreuses voix réclament depuis plusieurs jours de réquisitionner au plus vite les lignes de production de médicaments non essentiels élaborés en France, afin de produire directement les molécules indispensables. Ce que le gouvernement refuse de faire jusqu’à présent.
« Nous pouvons pourtant produire en France, puisqu’il s’agit de médicaments que nous produisions il y a quelques années, affirme Pauline Londeix, cofondatrice de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament. Nous payons aujourd’hui une politique qui a privilégié la logique économique. En privatisant toute la chaîne de production des médicaments, nous sommes devenus dépendants des autres pays pour ces produits peu rentables mais essentiels. » (...)

La situation est déjà critique dans les hôpitaux, contraints de s’adapter (...)

Une dépendance très importante vis-à-vis de la Chine et de l’Inde, qui exportent les matières premières nécessaires et les transforment, ou encore des États-Unis. « Que se passera-t-il si ces pays bloquent leurs exportations pour des raisons stratégiques ? (...)

« On aurait pourtant pu l’anticiper, avance le Dr Anne Gervais, qui exerce à l’hôpital Louis-Mourier de Colombes (Hauts-de-Seine). Cela fait plus de deux semaines que des mesures, comme des réquisitions, devraient être mises en place. L’Italie alertait déjà à ce moment de risques de pénurie, mais rien n’a été fait. Il n’y a plus de temps à perdre et pourtant le gouvernement ne se presse pas. » (...)