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Mediapart
Retraites : Macron contredit par ses sondages de campagne
#greves #manifestations #retraites #sondages #Macron
Article mis en ligne le 15 mars 2023
dernière modification le 14 mars 2023

Emmanuel Macron a-t-il été réélu par adhésion à son projet de réforme des retraites ? Absolument pas, disent les études d’opinion payées par le candidat lors de la présidentielle. Mediapart en publie les résultats.

Emmanuel Macron et ses soutiens le répètent sur tous les tons depuis le début du mouvement social contre la réforme des retraites : ce projet était au cœur de son programme de candidat lors de la présidentielle 2022, et a donc été majoritairement soutenu par les électrices et électeurs à cette occasion. Cette rhétorique tend à réduire, malgré l’ampleur inédite de la contestation, les opposants au projet du gouvernement à des mauvais perdants, des « Gaulois réfractaires » rétifs à tout changement, voire des séditieux ne respectant pas les termes du jeu démocratique.

« Lors des élections, les choses ont été dites clairement. La réforme a été démocratiquement présentée et validée », a ainsi déclaré le président de la République, le jeudi 19 janvier 2023, depuis Barcelone, au soir d’une journée de mobilisation exceptionnelle, dont les autorités n’avaient pas anticipé l’ampleur. (...)

Or, Emmanuel Macron sait lui-même, et peut-être mieux que quiconque, que ce n’est pas le cas. La raison : les études d’opinion qu’il a commandées à l’occasion de la présidentielle 2022 le lui ont indiqué, noir sur blanc, ainsi que Mediapart l’a découvert en analysant son compte de campagne (lire en Boîte noire). (...)

au-delà de la masse d’études commandées, leur contenu montre la dissonance du discours actuel du président de la République sur sa réforme de retraite.

En effet, dans une « note d’analyse qualitative » réalisée par l’Ifop au sujet des « raisons de la préférence pour Emmanuel Macron ou Marine Le Pen », l’institut de sondage dirigé par Frédéric Dabi explique clairement que si le président sortant est en bonne posture pour être réélu, ce n’est pas par adhésion à son programme mais par rejet de l’extrême droite. (...)

Ce constat, contraire aux prétentions actuelles du pouvoir, rejoint celui de nombreuses organisations qui, notamment à gauche, rappellent qu’Emmanuel Macron a bénéficié, à deux reprises, d’un vote barrage contre l’extrême droite au second tour de la présidentielle, sans adhésion à son programme. (...)

En septembre 2021, un sondage Ipsos conclut qu’une bonne moitié des personnes interrogées (1 500 personnes inscrites sur les listes électorales) réclament « l’abandon » du passage de l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Une seule tranche d’âge y est majoritairement favorable : celle des « 70 ans et plus ». Et une seule catégorie professionnelle : les retraité·es. Même chez les cadres, la proposition est minoritaire.

Dans une autre étude commandée à Kantar, l’équipe de campagne reçoit l’évaluation, en février 2022, des priorités d’un panel de 1 500 personnes inscrites sur les listes électorales. D’après le sondage, les sujets liés à l’économie arrivent largement en tête des enjeux du prochain quinquennat, mais dans cette catégorie, « réformer le système des retraites » semble être le cadet des soucis des répondants : seul 1 % d’entre eux estime qu’il s’agit d’une « priorité » pour le futur président. La proposition d’« accroître le pouvoir d’achat » concentre, elle, 33 % des réponses. (...)

le « recul de l’âge du départ à la retraite à 65 ans ne convainc aucun des profils d’électeurs rencontrés ». Ce sondage, facturé 22 320 euros, estime en outre que les « évolutions autour de cette mesure évoquées durant la campagne par le candidat laissent sceptique la majorité des personnes rencontrées ». (...)