
« Petites connes » c’est l’insulte adressée par un député à des collègues défendant les retraites des femmes avec humour… Sans obtenir d’évolution du projet de loi ni de sanction de l’insulteur.
L’ambiance est électrique à l’Assemblée nationale autour de la réforme des retraites depuis le 17 février. Et la question des femmes dans ce projet de loi a été l’occasion d’une sortie sexiste de la part d’un député centriste qui n’apprécie pas l’humour des manifestantes.
Dans les cortèges des manifestations contre la réforme, des militantes exécutent une chorégraphie en chantant « À cause de Macron » sur l’air de la chanson « À cause des garçons. » Elles revêtent un bleu de travail, un bandeau rouge à pois blancs, des gants de ménage jaunes, comme les féministes d’Attac, inspirées par l’image de « Rosie la riveteuse« , une ouvrière volontaire, devenue un symbole de l’émancipation des femmes, avec son slogan « We can do it ! »
Lundi, premier jour de l’examen du projet de loi, plusieurs femmes parlementaires ont participé à cette chorégraphie lors d’une manifestation organisée par La France insoumise près du Palais Bourbon. Ce qui n’a pas plus au député UDI Meyer Habib qui a écrit sur le réseau social mercredi : “À cause des petites connes”.
Jeudi, lors d’un rappel au règlement, la députée LFI Clémentine Autain a voulu recadrer son collègue député des Français de l’étranger : « Je tiens à signaler, (…) que nous avons un collègue qui s’appelle Meyer Habib qui a traité une de mes collègues et moi-même de ‘petites connes’. (…) Je pense que nous aurons à cœur que ce genre de propos, à la fois sexiste et injurieux, (…) cesse ».
Loin de présenter des excuses, Meyer Habib a demandé un rappel à l’ordre à l’endroit de la députée et a prononcé, dans l’hémicycle les mots qu’il avait publiés sur Twitter. « J’ai le droit de tweeter, parce que c’était sur l’air de À cause des garçons, et j’ai quoté, oui, ‘À cause des petites connes’, parce que c’est bien le minimum »
Il justifie ses mots par le fait que, à la fin de la chorégraphie, une personne portant un masque d’Emmanuel Macron s’est glissée au milieu des militantes en Rosie et de leurs poings qui se balançaient, et a fait mine de tomber sous leurs coups. Pour le député, les femmes insultées attiseraient la haine…
Haine ? Clémentine Autain a réagi : « Je maintiens mes propos : traiter les parlementaires de ‘petites connes’ est à la fois sexiste et insultant. Oui, nous avons chanté, nous avons dansé, nous avons parodié, nous avons contesté. C’est un droit fondamental. Nos fonctions c’est de défendre nos idées et, s’il le faut, d’être dans des manifestations » avant d’ajouter : « Et quand nous contestons, nous pouvons le faire avec de la joie, de la bonne humeur et un esprit critique qui est un élément phare de toute démocratie qui se respecte ».
La députée Marie-Georges Buffet a reproché son sexisme au député des Français de l’étranger : « Vous faites honte à la République par vos propos ! (...)
La députée LFI Mathilde Panot a demandé au président de l’Assemblée nationale de sanctionner le député après qu’il a traité ses collègues de « petites connes »… pas de nouvelles pour l’instant. (...)
Des amendements qui ne sont pas à la hauteur des attentes exprimées dans les rangs des féministes puisqu’ils ne permettront pas aux retraites des femmes de compenser les inégalités qu’elles ont subies tout au long de leur vie du fait de salaires moindres, de carrières hachées par une société qui fait reposer sur leurs épaules la prise en charge des enfants. Mais celles qui réclament des changements avec humour sont rabaissées au rang de « petites connes », y compris au cœur de l’Assemblée nationale, sans que celui qui insulte ne soit sanctionné. Ça va être compliqué de faire valoir leur point de vue.
🎶 "À cause de Macron, on crie révolution" 🎶
Les députées @Clem_Autain et @ElsaFaucillon, la sénatrice @EstherBenbassa et la députée européenne @ManonAubryFr dansent devant l’Assemblée le jour où le débat sur le projet de loi de #reformedesretraites débute.#greve17fevrier pic.twitter.com/xTDokaSILW
— Yahoo Actualités (@YahooActuFR) February 17, 2020