
« L’une des grandes libertés qu’est censé nous offrir le monde d’aujourd’hui est de pouvoir choisir une partie de nos relations plutôt que de les subir »
Dans son prologue, « Moins de lien, plus de biens ! », Aude Vidal aborde, entre autres, les actions en toute irresponsabilité, l’absence du souci des autres, l’avenir réduit au court terme, les bases de désarroi, Gustave Flaubert et l’individualisme toujours forcené… « Cette « égologie, bien qu’elle prétende lutter contre les travers de ce monde, contribue à sa dureté ».
L’autrice explore successivement, « Les sources paradoxales de l’écologie », « Et vous, qu’est ce que vous proposez ? », « Se changer soi pour changer le monde », « le développement personnel ou l’antipolitique », « La course au bonheur », « Le syndrome du bien-être », « Nier les rapports de pouvoir », « Do-it-yourself : la petite bourgeoisie s’amuse », « Concurrence sur les lopins », « Revenu garanti : les sociétés des individus »…
Aude Vidal se place résolument du coté de l’écologie, de la prise en compte de l’environnement au sens le plus large. Elle souligne les limites individualisantes du « bien-être ». Elle discute, entre autres, de la fragmentation des espaces, d’histoire et d’universel, d’accomplissement et de honte de ne pas pouvoir le faire, de refuge dans des valeurs matérielles, de jouissance et de contrôle, d’alternatives comme choix démocratiques entre plusieurs options, des cadres socio-économiques dont le capitalisme, des limites d’une stratégie de changement « qui part de l’individus et de ses choix », de développement personnel, « une injonction à la responsabilité personnelle particulièrement bien intégrée dans les régimes libéraux », du rêve de se dépendre individuellement du monde, d’acceptation sociale et de dépolitisation…
Aude Vidal analyse le syndrome du bien-être et l’ethos du développement personnel, les laboratoires du conformisme, l’absence de préoccupation politique de certaines pratiques et « alternatives », les effets de captivité « ignorés avec ravissement ou cynisme » (pour ma part, j’utilise la notion de fétichisme) ou dit autrement : « Elle nie les effets de captivité face à la machine sociale, renvoie chacun·e à ses choix personnels et constitue ainsi une prise de position du coté de cette machine qui nous broie… » (...)
« Puisque construire un monde nouveau n’est pas l’aménager l’ancien, l’équilibre entre destruction et création s’impose ». Aude Vidal parle de lieux d’expérimentation de forme de vie collective, de différence entre moyens et fins, de refus de se complaire « dans un entre-soi affinitaire », de l’homo economicus comme caricature (...)
de l’insuffisance d’un environnement simplement « bienveillant », du bonheur égoïste, « Le bonheur de pourceaux élevés en plein air et au grain bio, tout occupé·es de leur épanouissement personnel pendant que, plus loin, la guerre fait rage, voilà l’autre image des « joyeuses » alternatives » »… (...)
« Je » n’existe qu’en relation à d’autres « je ». Les sociétés ne sont pas une simple compilation de « je » mais des organisations systémiques « configurant » ce que peuvent ou pourraient-être les « je ». (...)