
Ce 12 mars s’achève la collecte de signatures pour organiser un référendum sur la privatisation des Aéroports de Paris : plus d’un million de signatures ont été récoltées malgré les nombreux obstacles. C’est le moment choisi par le gouvernement pour annoncer la suspension de cette privatisation, qui « ne saurait se poser dans l’immédiat compte tenu des conditions » du marché. Si le contexte rend effectivement toute privatisation d’ADP inconcevable, Attac appelle à ce que le projet de privatisation soit purement et simplement abandonné, et pas seulement suspendu, et à réviser la procédure de référendum d’initiative partagée pour la rendre plus démocratique.
Depuis juillet 2019, nous avons été des milliers à recueillir les signatures pour exiger un référendum sur la privatisation des aéroports de Paris via la procédure du référendum d’initiative partagée (RIP). En étant présent-e-s sur les marchés, dans nos quartiers, dans les manifestations, nous avons collectivement réussi à obtenir plus d’un million de signatures en faveur de la tenue d’un referendum.
Pourtant, les obstacles ont été nombreux : le gouvernement a simplement refusé de mener un travail minimum d’information pour faire connaître cette première expérience du RIP et les enjeux autour de la privatisation, tout en multipliant les obstacles et dysfonctionnements techniques (site internet, etc.) dans la collecte de signatures. Voilà sans doute l’une des raisons majeures de l’extrême difficulté à récolter un nombre suffisant de signatures (10 % du corps électoral soit 4,7 millions de signatures) pour déclencher le RIP.
Dans ces conditions, nous pouvons être particulièrement fier-e-s du résultat : dépasser le million de signatures n’a pas été une mince affaire. Au printemps dernier, faisant suite au mouvement et revendications des Gilets Jaunes, Emmanuel Macron avait annoncé vouloir abaisser ce seuil à 1 million de signatures : puisque ce seuil est atteint, qu’il organise donc un tel referendum sur la privatisation d’ADP ! (...)
L’annonce du gouvernement consistant à suspendre, pour l’instant, la privatisation d’ADP ne doit pas conduire à nous faire oublier que la Loi Pacte et les articles donnant la possibilité au gouvernement de descendre sous la barre des 50 % du capital d’ADP restent en vigueur et pourront être mobilisés à tout moment par ce gouvernement ou les suivants. Par ailleurs, les projets du gouvernement visant à privatiser ou ouvrir le capital d’entreprises publiques ne se limitent pas à ADP.
Si le contexte économique et financier rend effectivement toute privatisation d’ADP inconcevable, Attac considère que rien ne justifie, pas plus hier qu’aujourd’hui ou demain, une nouvelle privatisation, d’autant plus dans un secteur situé au cœur de la mondialisation libérale. Attac exige donc la tenue de ce référendum, pour faire en sorte que le projet de privatisation soit purement et simplement abandonné, et pas seulement suspendu, ainsi qu’une profonde révision de la procédure de référendum d’initiative partagée.