
(...) Pourquoi affirmer « qu’un protectionnisme hexagonal serait une énorme fadaise » ? Serions-nous tombés si bas que nous ne soyons pas capables de reconstruire une industrie derrière des barrières douanières ? Les mesures protectionnistes que propose le M’PEP ne signifient pas l’autarcie. La France de gauche que nous voulons continuerait à faire du commerce, mais elle refuserait que dans les supermarchés, le travail de ses travailleurs soit mis en concurrence avec celui des travailleurs chinois payés 20 fois moins ou des travailleurs roumains payés 5 fois moins, tout cela pour le plus grand profit des multinationales. (...)
(...) Il existe un grand nombre de Français qui se demandent pourquoi le gouvernement se couche devant le MEDEF et ne fait rien pour lutter contre les délocalisations et recréer en France une industrie et une agriculture. Pourquoi les peuples devraient-ils accepter pour toujours que leur politique économique soit décidée par l’OMC et l’Union européenne et non par eux-mêmes ?
Ce n’est pas être xénophobe que d’estimer que les pays à fort excédent commercial comme la Chine et l’Allemagne pourraient distribuer cet excédent à leurs populations au lieu d’exiger d’elles « la compétitivité ». Le commerce international doit-il être synonyme de guerre économique alors qu’il pourrait être synonyme de coopération, comme le prévoyait en 1948 le projet mort-né de Charte de la Havane ? Le principe de cette Charte était l’équilibre des balances des paiements. L’application de mesures protectionnistes par les pays déficitaires était un moyen pour atteindre cet équilibre. Le but de telles mesures n’était évidemment pas que les pays excédentaires obtiennent des avantages supplémentaires dans la guerre économique, comme c’est le cas aujourd’hui.