
(...) Vous écrivez : « le gouvernement, ainsi qu’il s’y était engagé, a souhaité mettre fin aux dépassements abusifs d’honoraires des médecins et encadrer leur évolution ». Or, dépassements abusifs est un pléonasme. C’est le fait de dépasser qui est abusif, d’autant plus que même en respectant les tarifs opposables il y a un reste à charge de plus en plus insupportable pour les patients les plus modestes et cela vient s’ajouter aux diverses franchises dites « médicales » que, me semble-t-il, votre parti a condamnées lorsqu’il était dans l’opposition.
Vous prétendez encadrer leur évolution, mais ça n’est pas de cela dont nous avons besoin. Vous avez renoncé à faire une loi qui améliorerait le code de la sécurité sociale. Vous savez très bien que les médecins les plus cupides ne respecteront pas l’accord.
Vous évoquez les négociations qui ont été menées par l’assurance-maladie, les syndicats de médecins et organismes complémentaires. Où sont les véritables représentants des assurés dans cette négociation ? L’assurance-maladie étant représentée par son directeur général (nommé par Philippe Douste-Blazy qui a fait la loi permettant la privatisation de la sécurité sociale). Le directeur général n’a pas la légitimité, même si c’est légal, de représenter les assurés sociaux notamment les salariés.
Toujours selon vous cet accord ouvre droit aux personnes bénéficiant de l’aide complémentaire santé à des soins sans dépassements d’honoraires. Il y a là quelque chose d’étrange, dans le fait que la Caisse Primaire d’Assurance-Maladie finance sur ses fonds des complémentaires de santé très inégalitaires… (...)
Ayant déjà un peu d’ancienneté dans la défense de la sécurité sociale et aussi dans la vie… Je rappelle qu’à l’exception de 1983 date des dernières élections à la sécurité sociale, la gauche socialiste n’a fait qu’entériner les réformes de la droite ! (...)
Aujourd’hui les socialistes ont tous les pouvoirs, il faut écouter Gérard Filoche qui, lors du congrès du PS, en présence de ministres gênés déclare :
" Nous devons donc abroger les ordonnances de Pompidou de 1965 et ce qui reste de la loi Juppé de 1995. C’est le retour au contrôle légitime par les salariés de la partie mutualisée de leur salaire. Une vraie révolution, un vrai progrès.
En même temps qu’on va hausser les salaires, on remettra du même coup à flots les caisses de protection sociale, car c’est le blocage des salaires qui les met en difficulté. On restaurera une protection sociale démocratique non étatisée. Pourquoi les libéraux qui veulent toujours moins d’États sont-ils aussi acharnés à « étatiser » la Sécu ?
Il faut baisser le coût du capital, pas du travail. Il faut déplaire aux banques et aux officines de notation, et non pas devancer leurs ordres". (...)
Pour terminer, et parce que je pense que vous choisissez mal vos conseillers (regardez un peu plus à gauche), voici quelques suggestions qui permettraient d’améliorer et pas qu’un peu la situation de la Sécurité sociale. (...)
Le progrès social va de pair avec la démocratie. Il faut donc rétablir les élections à la sécurité sociale à la proportionnelle sur liste syndicale, avec une majorité pour les représentants des salariés. Ce qui est justifié par le fait qu’il s’agit d’un salaire indirect et socialisé. De ce point de vue seuls les salariés sont habilités à gérer leur salaire. Les employeurs peuvent y avoir une place très minoritaire avec un seul pouvoir de contrôle. Quant aux diverses associations intervenant dans le domaine de la santé, elles ont leur place dans une structure pour faire remonter les besoins. Quant aux assurances privées et aux mutuelles, elles n’ont rien à faire dans la gestion à quelque niveau que ce soit de la Sécurité sociale. Il faut rétablir de réels pouvoirs de gestion aux Conseils d’administration démocratiquement élus.
Il faut faire entrer dans l’assurance-maladie tout ce qui concerne le handicap, la gestion de la perte d’autonomie.
(...)
Il faut d’abord que la santé soit l’objectif. Pour cela il convient de développer la prévention (comme cela était prévu à l’origine) au plus près des assurés. Pour cela il faut arrêter la suppression des CPAM et des centres de paiement. Les rétablir en proportion de la population. (...)