
Fi de la guerre, de la pandémie, de l’inflation et du dérèglement climatique ? Dans un contexte pourtant marqué par des crises multiples et une remise en cause des fondements de l’ordre économique international, les groupes du CAC40 ont abordé leurs assemblées générales annuelles 2022 sur l’air de « Tout va très bien, madame la marquise ».
Records de bénéfices, records de dividendes, records de rachats d’actions, records de rémunérations patronales… Cela ressemble à une véritable curée, rendue possible par l’argent public avec la bénédiction du pouvoir exécutif. Dans le même temps, les suppressions d’emplois se poursuivent dans la plupart des multinationales tricolores, à l’exception de quelques groupes de services à distance (Teleperformance, Capgemini) dont l’effectif explose... à l’international. (...)
L’adage selon lequel « les bons résultats du CAC40 seraient les emplois de demain », repris en boucle par l’exécutif, ne résiste pas à l’épreuve des faits. Dans un contexte de guerre en Ukraine et de fin sans fin de l’épidémie de Covid 19, les groupes du CAC40 ont continué à profiter à plein de dizaines de milliards d’aides publiques.
Après plus de deux ans de pandémie, des records à la pelle (...)
100 % des groupes du CAC40 ont profité au moins d’une des nouvelles aides mises en place pour faire face à la pandémie et à ses conséquences – et le plus souvent de plusieurs aides. Aux dispositifs d’urgence (prêt garanti par l’État, chômage partiel, reports de charges et cotisations) se sont ajoutés des plans sectoriels, le plan de relance qui a profité de manière disproportionnée aux grandes entreprises, la baisse des impôts de production, les achats de dette des banques centrales, le plan France 2030, de nouvelles aides à l’embauche, les aides aux industriels sur les prix de l’énergie, et les nombreux autres plans mis en place au nom de la « relocalisation » et de la « souveraineté économique ».
Stellantis, TotalEnergies, Sanofi : des champions très aidés (...)
On constate que certains des groupes les plus aidés du CAC40 sont aussi ceux qui suppriment le plus d’emplois et gâtent le plus leurs patrons et actionnaires. (...)
Alors que la rémunération de Carlos Tavares (19,1 millions d’euros) fait scandale et que plus de 3 milliards d’euros de dividendes doivent être versés aux actionnaires, PSA/Stellantis a supprimé plus de 17 000 emplois dans le monde en 2021 et a déjà annoncé d’autres suppressions en 2022. Or PSA/Stellantis a bénéficié des dispositifs du chômage partiel, de baisses d’impôts de production, du plan automobile et d’autres programmes des plans de relance et France 2030, ainsi que du soutien de la BCE pendant la pandémie. (...)
Jackpot du côté du secteur financier
Tête de gondole des profiteurs de crise, Sanofi, qui avait affiché un bénéfice de 12 milliards la première année de pandémie, distribue plus de 4 milliards d’euros à ses actionnaires au titre de 2021. Son PDG, Paul Hudson se voit rémunéré à la hauteur de près de 11 millions d’euros. Pourtant en 2021, Sanofi aura supprimé presque 4000 emplois, dont une petite centaine en France. Pire encore, la firme pharmaceutique a bénéficié du chômage partiel, d’un plan pour la relocalisation du médicament, de baisse d’impôts de production, et du soutien de la BCE pendant la crise Covid. (...)
Plus de 80 milliards pour les actionnaires
Les deux tiers du CAC40 ont battu en 2021 leurs records historiques de profits, avec une poignée de groupes dépassant les 12 milliards d’euros : TotalEnergies, Stellantis, LVMH et ArcelorMittal [1]. (...)
Pendant ce temps, la majorité du CAC40 continue de tailler dans ses effectifs
Dans la foulée de l’épidémie de Covid-19, et dans la lignée de leur stratégie de réduction de l’emploi depuis des décennies, la majorité des groupes du CAC40 continue de tailler dans leurs effectifs. (...)
Depuis le printemps 2020, le gouvernement a systématiquement refusé de conditionner les aides publiques nouvelles créées pour faire face à l’urgence et pour la relance à des critères stricts en termes de protection de l’emploi, de transition climatique, de transparence fiscale et de suspension des dividendes et de rachats d’actions. La solidarité nationale a ainsi été mise au service des actionnaires et des patrons du CAC40, sans contrepartie.
Le gouvernement continue de créer de nouvelles aides et refuse de mettre en cause le maquis des aides publiques au secteur privé, qui ne cesse de s’accroître depuis plus de 15 ans. Aujourd’hui, alors que les résultats de son refus d’agir s’étalent devant les yeux de tous, le gouvernement s’illustre par un autre refus : celui de mettre en œuvre une taxation exceptionnelle des profits et des dividendes des grands groupes pour payer au moins une partie de la facture de la crise.