
Dans sa préface, Micheline Dumont parle, entre autres, des jeunes féministes, « J’ai beaucoup d’atomes crochus avec ces « jeunes féministes » qui remettent en question le concept de vagues, pour caractériser les différents féminismes », du travail ménager comme d’« une question éminemment politique », de la nouvelle place des femmes en politique et la vie économique « mais pendant ce temps-là, le ménage doit être fait, les vêtements doivent être lavés et les repas préparés »
Le travail ménager constitue sans doute l’occupation humaine la plus chargée d’émotivité, de conflits conjugaux et d’exploitation » (...)
« le travail ménager EST un travail gratuit : il échappe aux théories économiques » (...)
Tous les débats sont légitimes et nécessaires, il ne faut cependant pas oublier des fondements matériels de l’exploitation et de la domination « L’épouvantail dans le jardin » et comme le dit si bien la préfacière « La poussière va retomber »…
Dans son introduction, Et si l’amour était un travail, Camille Robert rappelle que le travail domestique échappe aux analyses « macro » et semble confiné dans les seuls rapports qualifiés de privé de la famille, « C’est un travail si répandu qu’il nous est invisible ; tellement inestimable qu’il est exercé gratuitement ». Pour parler de ce travail, il faut d’abord le nommer et le définir (et me semble-t-il le replacer dans l’histoire) : « Le travail ménager comprend généralement les tâches d’entretien ménager du logis, l’achat de biens pour le ménage, les tâches de planification, la préparation des repas, l’éducation des enfants et le soin des proches. Certaines féministes incluent également dans cette définition l’affection, la sexualité et la grossesse ». Et « Parler de travail pour désigner l’ensemble des activités exercées par les femmes, les mères et les ménagères ne va pas de soi », les femmes « au foyer » ont souvent été considérées comme inactives…
L’autrice aborde, entre autres, la conquête de droits sociaux par les femmes, la double journée de travail (...)
L’autrice explique l’objet du livre, le pourquoi de cette histoire d’un travail invisible, les mobilisations qui y sont liées, la division sexuelle marquée du travail, les emplois genrés jusque dans leur nom. (...)
« Pourquoi les luttes entourant le travail ménager sont-elles pratiquement évacuées de la mémoire du mouvement féministe ? Pourquoi, enfin, lorsqu’on parle du partage des tâches ménagères dans le couple, les réactions sont-elles encore si évocatrices : défensives, amères ou même empreintes de colère ? » . (...)
Sommaire :
Chapitre 1. De l’assistance charitable à l’aide ménagère : féministes, ménagères et assistées sociales face à l’Etat (1907-1969)
Chapitre 2. Le travail ménager, d’une position subordonnée à une perspective de lutte (1969-1978)
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Une proposition de débat. Si la réduction radicale du temps de travail salarié est parfois mise en avant, elle me semble l’être dans une perspective très réductrice. Il me semble nécessaire de prendre en compte à la fois le temps de travail salarié, le temps de travail domestique et le temps du travail de la gestion de l’entreprise et de la cité (autogestion et/ou gestion politique). Faut-il préciser pour toutes et tous !
Une utopie ? Une condition pour l’égalité ? (...)
Chapitre 3. Le travail ménager comme problème social (1973-1985) (...)
« Penser notre libération collective implique donc de faire front commun pour décharger nos corps et nos esprits, que ce soit en refusant le travail gratuit, en luttant pour le rendre visible, en faisant grève pour en transformer les conditions ou en nous solidarisant des luttes des autres femmes »…