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Rechercher : Quand la Marine met du plomb dans l’Éducation nationale (et réciproquement)
Article mis en ligne le 4 février 2011
dernière modification le 2 février 2011

Mettez du sel dans votre avenir ! Tel était le slogan de la Marine nationale pour recruter de nouveaux moussaillons. Le salage ne semblant pas suffisant, le Ministère de la Défense a décidé, en partenariat avec celui de l’Education, de mettre du plomb dans la cervelle des adolescents. Curieux mélange des genres.

UNE drôle d’affaire nous avait interpelés : au cours d’une réunion de « formation » en décembre dernier, à Bordeaux, des professeurs stagiaires eurent droit aux discours de deux militaires, soutenus par un Inspecteur et un professeur agrégé d’histoire, commandant de réserve, autour des liens entre « l’enseignement de la défense » ou encore au sujet de la « la défense aujourd’hui : nouvelles menaces, nouvelles configurations, les enjeux ». Les professeurs débutants n’étaient pas les seuls cibles de ces interventions. Il s’agissait également de pousser ces enseignants à orienter leurs élèves en difficulté vers des carrières militaires. [1]

Coïncidence : une formation à l’IUFM de La Seyne proposa la même démarche aux professeurs stagiaires du Var. (....)

Dans un contexte de baisse budgétaire et de projet soumis à évaluation, c’est-à-dire de projet avalisé s’il dégage lui-même ses sources de financement, la Défense apparaît comme un acteur majeur dans le financement des sorties scolaires et d’orientation des enfants.

C’est ainsi que les deux ministères ont créé une commission bilatérale de coopération pédagogique afin de soutenir des voyages pédagogiques sur les lieux de mémoire des conflits contemporains, tout en développant ce fameux lien entre la Nation et les armées. Pour mettre en œuvre ces projets pédagogiques et obtenir le soutien financier de la commission, il faut que le dossier présenté par une classe, un établissement ou un ensemble d’établissements comporte un volet sur la « mémoire des conflits », un autre sur le « patrimoine militaire local », et un sur l’ « l’esprit défense ». (...)

Les collégiens — ici des élèves de 4e du collège des Pins d’Alep de Toulon — ont été accueillis le matin par l’officier des sports de la base navale, puis ont été conduits vers différentes activités : cours de step, rugby flag, tir à air comprimé, self-défense et tai-chi-chuan. Quel mélange des genres ! Travailler ses fessiers (pour les filles) ou son cadrage-débor’ (pour les garçons), simuler le canardage de l’ennemi, avant le temps du repos et la gym chinoise. L’article ne dit pas si les élèves ont marché au pas, récuré les chiottes, arpenté les bordels de Djibouti, ni chanté leur bonheur comme au club Mickey. (...)

En classe, les collégiens sont amenés à réfléchir sur la défense de la paix et les symboles de la République (éducation civique), la Première Guerre mondiale (histoire), l’autobiographie (français), la Marseillaise (musique). L’esprit ronchon se dira que les enseignants caressent les matelots dans le sens des poils de leur pompon rouge. Pas question des gueules cassées, ni de la chanson de Craonne. (...)

Les professeurs qui adhèrent aux plans Défense-Éducation disent que la structure militaire permet de donner des normes aux enfants. L’Armée cadre les élèves, leur impose une discipline et les fait sortir de leur milieu. Il suffit pourtant à regarder de plus près comment agit la soldatesque pour voir que l’engagement militaire n’est pas une issue « civilisatrice » pour ces enfants. (...)

Enfin, promouvoir la seule Marine comme pôle d’emploi dans la région toulonnaise, c’est mettre des œillères aux élèves sur leurs possibilités. Car, que l’on ne s’y trompe pas. cette façon d’orienter les élèves n’a rien à voir avec les anciennes écoles d’apprentis de l’arsenal [8]. Les élèves de ZEP ne sont pas promis à intégrer les grandes écoles militaires telles que Saint-Cyr ou Navale. Ils intégreront les postes subalternes, dont le temps d’engagement est limité (le militaire du rang est recruté sur contrat de 3 à 5 ans) et dont l’espoir de promotion est faible (14.000 personnes sont recrutées chaque année, et 14.500 retournent à la vie civile au terme de leur contrat).

voir l’article Aux armes, professeurs ! - l’apprentissage de la pédagogie passe par l’armée, dans l’ Académie de Bordeaux

Wikio

Sur le terrain, ça donne quoi ? (...)