
Alors que tous les dirigeants socialistes poussent des cris d’orfraie contre Nadine Morano qui déclare publiquement qu’elle partage les mêmes valeurs que les électeurs du Front National, à Grenoble, Toulouse et Lyon, Manuel Valls, lui, applique scrupuleusement la même politique que Claude Guéant à l’égard des roms.
Grenoble, mercredi 22 mai
A 6 heures du matin une centaine de policiers entoure le camp de La Tronche occupé par des roms. Les enfants sont réveillés dans leur sommeil. Ils hurlent, c’est la panique. (1)
140 personnes sont « recensées » selon les termes de la police. Une vingtaine d’Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) est délivrée à la chaîne, toutes sont rédigées sur le même modèle. Deux personnes sont conduites en rétention. Depuis l’élection de François Hollande, les expulsions se multiplient à Grenoble. « C’est le grand nettoyage de printemps avant les vacances, comme en 2010 et 2011. Rien ne change » s’indigne un militant.
Toulouse, mercredi 6 juin
Un campement de roms situé le long de la Garonne qui abritait une trentaine de personnes est démantelé. La police est arrivée avec un bulldozer et a détruit toutes les cabanes. (2) Avec les 2 évacuations opérées par la police la semaine précédente, ce sont plus de 100 personnes qui sont jetées à la rue en quelques jours. Cette fois-ci, c’est la supposée dangerosité du site qui est mise en avant. Avec une possible montée des eaux, les personnes seraient en danger. La préfecture doit estimer que pour des enfants et des nourrissons, dormir à la rue, sous la pluie, sans abri, exposés aux dangers de la rue, c’est un sort beaucoup plus enviable.
Lyon, jeudi 14 juin
Environ 50 roms se retrouvent à Perrache pour attendre le car qui les conduira à l’aéroport où ils seront rejoints par d’autres en provenance de Saint-Etienne. (...)
En novembre 2011, le Comité Européen des Droits Sociaux (CEDS) a pourtant qualifié les expulsions collectives de roms comme étant "discriminatoires" et "contraires à la dignité humaine" car fondées sur l’origine ethnique des personnes concernées. Il s’agit d’ « une violation aggravée des droits de l’homme" selon le Conseil de l’Europe. Même le prétexte des retours volontaires est balayé par le CEDS : « Ces retours dits volontaires ont en pratique déguisé des retours forcés sous forme d’expulsions collectives ».
Le 27 mars 2012, François Hollande, candidat à la Présidence de la République, écrivait pourtant à Romeurope : « J’ai toujours dénoncé, et je continuerais à le faire, la stigmatisation dangereuse lancée par le candidat sortant en août 2010 à l’égard des populations de Roms : expulsions brutales à répétition, stigmatisation toujours plus forte d’une population, interdiction de travailler et de se former, reconduites aux frontières sans résultat… » (4).
Même Manuel Valls, lors de sa passation de pouvoir le 17 mai avait déclaré devant Claude Guéant et les caméras : « Il n’y aura ni angélisme, ni course effrénée aux chiffres, ni stigmatisation de communautés, d’une catégorie par rapport à une autre… » (5).
Beaucoup voulaient y croire après le sarkozysme et la stigmatisation des étrangers érigée en grande cause nationale. Il paraît que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent…Une preuve de plus. (...)