
(...) « Dans le contexte des réalités économiques et des restrictions financières, la tendance au monolinguisme est loin d’être en recul, avec l’utilisation hégémonique d’une langue, l’anglais, par rapport aux cinq autres langues des Nations unies (1) pour des raisons de pragmatisme. Les chefs de secrétariat des organisations ne montrent pas toujours l’exemple et n’assurent pas non plus efficacement la surveillance, le contrôle et le respect de la parité entre les six langues officielles, ni le traitement égal des langues de travail au sein des secrétariats. »
Ce constat sévère, posé par le Corps commun d’inspection mandaté par l’Organisation des Nations unies (ONU) (2), se trouve confirmé par une autre étude consacrée au recrutement des fonctionnaires (3). Laquelle établit que, même si anglais et français sont les deux langues de travail du secrétariat, la première est exigée dans 87 % des cas et la seconde, dans 7 %.
Ainsi, le risque s’accroît de voir les organisations multilatérales, privées de la diversité nécessaire à leur bon fonctionnement, devenir des technocraties monoculturelles favorables à un certain modèle de société, plutôt que des administrations multipolaires au service des nations qui les composent. (...)
En demeurant passifs, les responsables politiques des nations francophones se font complices des violations du règlement intérieur de l’ONU et des droits culturels qu’elle reconnaît et promeut. Changer cette attitude devient une nécessité : à l’heure où la compétition internationale écrase tout ce qui sort du rang, les francophones doivent se montrer plus solidaires. Les nombreuses associations et réseaux du monde entier détiennent les capacités, s’ils le souhaitent, de propager l’information et de s’engager sous une forme ou sous une autre. Nous saurons alors si la francophonie, dans sa diversité, possède la capacité d’agir et de devenir un acteur véritablement engagé pour un monde pluriel.