
Basta ! a décrypté les votes et déclarations des conseillers régionaux du FN, en particulier en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et en Rhône-Alpes. Dans l’économie ou la culture, en matière de santé, de transports ou d’environnement, voici ce que prône vraiment le parti de Marine Le Pen.
(...) A chaque passage télévisé, Marine Le Pen se pose en défenseuse des ouvriers, de leurs emplois et de leurs salaires. Sur le terrain, c’est la contradiction totale. En octobre 2010, les 24 élus frontistes du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, dont Jean-Marie Le Pen, refusent de voter une motion de « solidarité avec les salariés de Fralib » proposée par la gauche (lire notre article). En Rhône Alpes, les élus frontistes enchaînent les votes contre les rapports relatifs à l’industrie et à l’artisanat dans les contrats de développement [2].
Le 27 mai 2010, Bruno Gollnisch, conseiller régional en Rhône-Alpes, déclare que le rôle des élus « n’est pas de voler au secours de toutes les entreprises ». Résultat : les petites entreprises ne sont plus encouragées. Quant aux rapports traitant de l’économie sociale et solidaire, ils se voient tous opposer un refus par les élus FN. Les mots « social » et « solidaire » heurteraient-ils leurs blanches oreilles ? (...)
Quant aux budgets pour la formation professionnelle et continue, le FN vote systématiquement contre, que ce soit en Alsace, en PACA ou en Rhône-Alpes. Entre autres, souligne un document d’analyse du Parti socialiste, « parce qu’ils comprennent un volet "apprentissage du français" pour les travailleurs d’origine étrangère ». Le FN serait-il contre la francophonie ? Le groupe écologiste en Rhône-Alpes rappelle également l’opposition du FN à financer les échanges internationaux d’étudiants, « compte-tenu du nombre important de bourses concernant des partenariats avec des pays ex-communistes » (sic). Pourtant, le Mur de Berlin est tombé depuis deux décennies. (...)
Le 23 septembre 2010, à l’occasion d’un vote sur l’aide aux formations et aux jeunes, Sophie Robert, élue FN en Rhône-Alpes, indique que son groupe vote contre, considérant qu’il serait plus éducatif que les professeurs apprennent aux jeunes à financer leurs projets de voyages pédagogiques plutôt que de compter sur les subventions... (...)
Le FN s’est également opposé à l’aide à la mobilité aux jeunes, en décembre 2011 en Rhône-Alpes, rappelle le Front de Gauche. Les lycéens sont qualifiés de « fanfarons en quête de jouissance et d’oisiveté » par l’élu frontiste en Rhône-Alpes Alexandre Gabriac, le 21 octobre 2010 (ce dernier sera exclu du FN le 19 avril 2011 après la diffusion d’une photo le montrant en train de fanfaronner en faisant le salut nazi). (...)
Après avoir fait scandale en parlant d’ « avortement de confort » durant la campagne présidentielle, Marine Le Pen a mis en avant le besoin d’ « une meilleure prévention ». Dans les faits, les élus de ce parti s’opposent systématiquement à la mise en œuvre par les Régions des dispositifs de prévention et d’information que sont les « pass contraception », rappelle l’association LGBT. « Plus que jamais en ces temps troublés où notre société perd tout repère, et particulièrement les jeunes générations sous l’influence conjuguée d’un totalitarisme sexuel débridé et d’un hédonisme dévastateur, il nous faut revenir aux fondamentaux de la loi naturelle », déclare ainsi l’élue FN Sophie Robert en juin 2011.
En matière de prévention, c’est souvent les relents fondamentalistes catholiques des élus FN en Rhône-Alpes qui s’expriment.
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Le Front National jette régulièrement l’opprobre sur les associations de lutte contre les discriminations. (...)
Dans le domaine de la santé, les élus FN en Rhône-Alpes ont voté contre le rapport concernant les réseaux de patients et les réductions d’inégalités d’accès à la santé en mai 2011. Trois mois plus tôt, le 18 février, ce sont les conseillers régionaux FN de PACA qui votent contre le dispositif des Maisons régionales de la santé, au prétexte que « les déserts médicaux » n’existent pas.
Côté transports, le groupe FN en Rhône-Alpes vote systématiquement contre les propositions de développer les « modes doux » comme les pistes cyclables. « Ils les voient en creux comme des politiques anti-voiture », analyse EELV. Le FN conteste également la modernisation de certaines lignes ou la gestion « multimodale » (plusieurs modes de transport combinés) du déplacement à Grenoble. Il appelle enfin à la suppression des tarifs solidaires pour les billets de train. Et refuse l’amendement du Front de Gauche visant simplement à étudier la possibilité de la gratuité des TER Rhônalpin. Vous avez dit « virage social » ?
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Sur le plan culturel, les élus FN en Rhône-Alpes vilipendent les conceptions « élitistes » de la culture, tout en remettant en cause la gratuité de l’accès à certaines institutions pour les jeunes disposant d’une carte M’RA. « Cette gratuité a poussé dans les salles de cinéma tout un public très éloigné des étudiants, des gens qui sont là pour casser, chahuter », regrette Joël Cheval, élu FN en Rhône-Alpes, le 4 février 2011. Pas de cinéma pour les non étudiants...
Les élus frontistes votent contre les rapports concernant l’accompagnement et l’élargissement des publics, le soutien au spectacle vivant, le rayonnement culturel
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