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Quand nous serons les arbres, les roches, et les oiseaux
Petit Traité d’écologie sauvage, par Alessandro Pignocchi, éditions Steinkis, 128 p., 14 €.
Article mis en ligne le 16 mars 2017
dernière modification le 13 mars 2017

Et si le monde et ses dirigeants adoptaient l’animisme des Indiens d’Amazonie ? Dans son dernier livre, « Petit Traité d’écologie sauvage », le dessinateur Alessandro Pignocchi fait se rencontrer notre monde et l’animisme des Indiens d’Amazonie. Il fait émerger un univers fascinant qui bouleverse notre façon de voir.

Je sais pourquoi Alessandro Pignocchi m’a envoyé son livre. Il a compris que j’étais un arbre. Plus précisément, un tilleul argenté, planté dans une prairie exposée au nord. Ce tilleul est d’abord parti un peu tordu, et puis des soins attentifs, un tuteur provisoire, le paillage du sol en hiver — il fait très froid, là où nous vivons — lui ont donné sa force, et le voilà qui grandit. Enfin, bon, je ne suis pas vraiment le tilleul. Parfois je le suis, parfois non, mais son âme me parle, et si je le caresse, nous entrons en discussion, tous les deux. Vous voulez savoir ce que nous nous disons ? C’est très simple. Mais ça prend un peu de temps. (...)

(...) Pour être sincère, je dois vous dire que je ne suis pas assez souvent en conversation avec mon frère tilleul. Il m’arrive rarement de parler avec les roches (oui, les roches, bien sûr ! Croyez-vous que l’âme du monde ne palpite pas aussi dans sa minéralité ?). Je suis le plus souvent un homme sérieux, prenant le métro, regardant un ordinateur d’un air concentré, et participant à un nombre incalculable de réunions. Il m’arrive même de croire que la nature existe en dehors de moi, de nous, que je suis tellement spécifique que les êtres de chair, de plume et de paille sont des sortes d’objets étrangers. Il m’arrive de croire que le temps que nous vivons est le plus important qui soit, et que nous disposons d’un savoir plus grand que celui de tous nos ancêtres. Il m’arrive d’être tellement dans mon Moi et dans l’Homme que j’oublie le cosmos, le mystère du temps, l’insondable de la vie, le chatoiement des espaces.
(...)