
De nombreux Tsiganes ont été internés dans le "camp de nomades" de Mérignac
À Mérignac comme ailleurs, « c’est l’administration française qui se charge d’organiser l’internement et les transferts, de réprimer les protestations… », indique Emmanuel Filhol (1), spécialiste de l’histoire des Tsiganes, chercheur au sein du laboratoire Épistémê de l’université Bordeaux 1.
Les internés vivent très mal la privation de liberté : ils n’ont commis aucun délit. Ils ne doivent leur internement qu’au zèle que met Vichy à satisfaire les attentes de l’occupant. « Les autorités françaises vont chercher les familles qu’elles connaissent très bien : l’administration les a encartées depuis la loi de 1912. Elles ont toutes les fiches administratives et policières les concernant ! » relève Emmanuel Filhol. Aussi retrouve-t-on dans les camps « des Tsiganes à 90, voire 95 % français », souligne-t-il.(...)
En janvier 1943, à Poitiers, plusieurs dizaines d’internés - dont un groupe provenant de Gironde - sont déportés dans les camps de la mort. Très peu en reviendront. « Les Boches et les Français ont pris tous les hommes valides, à partir de 15 ans. Ils n’ont laissé que les vieux, les vieilles et les enfants. Tout le monde se révoltait, mais on n’a rien pu faire », explique Gustave Offmann.
Pour les autres, l’enfermement se poursuit, à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) notamment. Et la situation se dégrade encore. (...)
En janvier 1943, à Poitiers, plusieurs dizaines d’internés - dont un groupe provenant de Gironde - sont déportés dans les camps de la mort. Très peu en reviendront. « Les Boches et les Français ont pris tous les hommes valides, à partir de 15 ans. Ils n’ont laissé que les vieux, les vieilles et les enfants. Tout le monde se révoltait, mais on n’a rien pu faire », explique Gustave Offmann. (...)
Environ 6 500 Tsiganes furent internés en France entre 1940 et 1946. Longtemps passée sous silence, cette page de notre histoire vient de faire l’objet d’une reconnaissance officielle, soixante-dix ans après. « Nous nous souvenons de ces femmes et de ces hommes nés pour la liberté et persécutés parce qu’ils l’aimaient, simplement. La France s’incline aujourd’hui devant leur mémoire », déclare le 18 juillet dernier le secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens Combattants dans un discours prononcé devant le monument commémoratif de la rafle du Vel d’Hiv, lors de la Journée nationale de la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français.