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CCFD-Terre Solidaire
Quand féminisme et écologie se rencontrent
Article mis en ligne le 18 septembre 2019

À travers le monde, des mouvements sociaux de femmes – dits écoféministes – partagent une même réflexion : la destruction de la nature et la domination des femmes auraient-elles les mêmes racines ?

La déclaration "Vivre le futur aujourd’hui" lancée en juillet 2018 à Mogale [1] au nord de Johannesburg en Afrique du Sud, est le fruit des réflexions d’un réseau de femmes africaines. Elle débute ainsi : « Le monde est en crise. La faim, les changements climatiques, l’épuisement et la destruction de nos forêts, des ressources en eau et des écosystèmes, les inégalités économiques et les injustices énergétiques menacent la survie de la majorité de l’humanité et de la planète. Les femmes des milieux populaires et les paysannes partout dans le monde portent la plus grande part du fardeau de ces crises. Ce sont ces femmes que l’on retrouve aux premières lignes de la résistance aux accaparements des ressources, à l’exploitation et à la violence associées avec le patriarcat capitaliste. »

Cette déclaration propose des principes qui définissent une transition juste et écoféministe africaine. Elle sera débattue toute au long de cette année au sein des organisations de base du réseau appelé « Women and Mining » (Womin), partenaire du CCFD-Terre Solidaire, une alliance régionale active dans 11 pays africains.

Le terme est lancé : écoféminisme, une union de l’écologie et du féminisme qui anime aujourd’hui de nombreux mouvements sociaux aux formes diverses. Car ils font le même constat : la destruction de la nature et la domination des femmes sont liées au capitalisme, au patriarcat et au colonialisme. (...)

Aux quatre coins du monde, de nombreux groupes de femmes se reconnaissent dans ce parallèle : les femmes ont été expropriées de leurs terres et de leurs corps. Leurs territoires physiques sont violentés, surexploités, instrumentalisés, niés. Les violences faites aux femmes font écho aux agressions contre la planète tout entière.

Cette comparaison n’est pas une simple figure de style, mais une profonde remise en question de notre modèle de développement. Car on retrouve les mêmes logiques à la source de la domination exercée sur la nature et sur les femmes : une logique prédatrice et mercantile où règne la compétition, la loi du plus fort. (...)

Ce réseau africain veut restaurer cette connexion à la nature et la revaloriser, en s’appuyant sur les valeurs de justice, de partage et de simplicité qui la sous-tendent.
Décoloniser les relations femmes-hommes (...)

Les groupes de femmes de Lilak, en remontant le fil de l’Histoire, voient le colonialisme comme le point de rupture ayant entraîné une destruction des relations plus égalitaires dans les communautés. L’exploitation des ressources naturelles mais aussi la militarisation et la généralisation du patriarcat au sein des institutions ont alors relégué les femmes à des rôles subalternes. (...)

« Les femmes protègent les écosystèmes, reprend Judy Pasimio, mais c’est plus sous pression du capitalisme et du patriarcat que d’une nature féminine. Nous réfléchissons à la manière de théoriser notre expérience. Mais il est clair qu’il s’agira de définir un féminisme anticapitaliste et anticolonial ! » (...)

Des millions de femmes prennent la parole

En Occident, des inspirations écoféministes inspirent de nombreux mouvements sociaux relatifs à la transition énergétique, à la décroissance, à la justice climatique ainsi qu’à la justice sociale. Pour Barbara De Ryke, activiste belge et chercheuse en sciences et technologies à l’Université de Sussex : « C’est dans l’écoféminisme que j’ai trouvé la critique la plus fondamentale des biotechnologies : elles répandent les pesticides, l’uniformisation des semences qui entraîne la destruction de la biodiversité... »

Le Front de libération des champs (Field Liberation Movement) en Flandre dont elle fait partie voit dans les OGM une application saisissante de la logique de domination violente de l’environnement. (...)