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Qatar 2022 : la Coupe du monde en onze absurdités
#qatar2022 #CoupeDuMonde #football #boycottqatar2022
Article mis en ligne le 13 novembre 2022
dernière modification le 12 novembre 2022

Stades à usage unique, avions toutes les dix minutes, ouvriers morts... De nombreux scandales entachent la Coupe du monde de football au Qatar. Zoom sur les onze plus importants.

une myriade de dérives climaticides, d’atteintes aux droits humains, le tout sur fond de corruption. Reporterre en a sélectionné onze, comme le nombre de footballeurs dans une équipe.

1- Des stades climatisés

Sur les huit enceintes de la Coupe du monde, sept sont équipées de systèmes de climatisation. Le stade Al Janoub d’Al-Wakrah — où se déroulera le premier match de l’équipe de France, le 22 novembre —, au sud de la capitale, Doha, est muni de près de 180 bouches d’aération destinées à rafraîchir le terrain et les 40 000 sièges. (...)

Pendant ce temps, dans une Europe en pleine crise énergétique, les populations tenteront d’appliquer les appels à la sobriété de leurs dirigeants en se chauffant moins ou encore en coupant le wifi.

2- Des stades à usage unique

Une seule des huit enceintes, le stade international Khalifa, a été construite bien avant l’attribution du Mondial au Qatar. Flambants neufs, la plupart des autres stades sont condamnés à devenir des « éléphants blancs » : des constructions monumentales coûteuses, qui ne seront pas réutilisées après la compétition. (...)

3- Le Mondial de l’avion

Tous les stades de la compétition sont situés à proximité de Doha, dans un rayon de 60 kilomètres. Sauf que les 1,2 million de spectateurs attendus ne pourront pas loger à proximité, faute d’hébergements suffisants au Qatar. Résultat : nombre d’entre eux résideront dans les États voisins, où la vie est moins chère. Et pour voir les matchs, c’est en avion que voyageront les spectateurs. Il n’existe en effet toujours pas d’alternative pour se déplacer entre les pays limitrophes (...)

Air France va relancer temporairement des vols entre Paris et Doha pour la première fois depuis vingt-sept ans, au rythme de 3 à 6 vols par semaine.

4- Au moins 6 500 ouvriers morts sur les chantiers

La Coupe du monde se jouera sur un cimetière. Plus de 6 500 ouvriers originaires d’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka sont morts au Qatar depuis que le pays a obtenu l’organisation de la Coupe du monde en 2010. Ce chiffre a été révélé en février par The Guardian, qui a recoupé les données des gouvernements de ces pays, principaux pourvoyeurs de main-d’œuvre au Qatar. Le nombre réel de morts serait même supérieur, puisque les données d’autres pays, comme les Philippines ou le Kenya, qui comptent de nombreux ressortissants travaillant au Qatar, n’ont pas été recueillies.

Selon le comité organisateur du Mondial, trente-neuf morts seraient directement imputables à la construction ou la rénovation des stades, mais les chantiers ne se limitent pas aux enceintes sportives. Depuis 2010, le Qatar a bâti une ville, des aéroports, des routes, son premier réseau de métro ou encore des hôtels, projets inhérents à l’organisation du mondial. La plupart des ouvriers seraient morts à cause de la chaleur étouffante et des cadences infernales et leurs corps sont rapatriés, dans des cercueils, dans leurs pays d’origine. (...)

5- La « neutralité carbone », un mensonge

Les organisateurs l’assurent : la Coupe du monde sera la première à atteindre la « neutralité carbone », c’est-à-dire que toutes les émissions de gaz à effet de serre du tournoi seront intégralement compensées en soutenant des programmes de réduction ou de séquestration de CO2. Selon un rapport de l’ONG belge Carbon Market Watch, spécialisée dans l’examen des marchés carbone, cet engagement n’est pas « crédible » et relève du « greenwashing ».

Pourquoi ? Cette Coupe du monde atteint des niveaux d’émissions jamais vus. (...)

Or, d’une part, ces émissions sont sous-estimées. (...)

D’autre part, sur au moins 1,8 million de crédits carbone [4] que devaient fournir les organisateurs pour espérer « compenser » l’évènement, seulement 130 000 « peu susceptibles d’avoir un impact positif sur le climat » ont été émis via trois projets, soit moins de 10 % de ce qui était promis. Pour faire passer ses projets aux retombées douteuses, le Qatar a créé son propre standard de crédit carbone (...)

6- Des réformes insuffisantes

« Depuis 2010, le Qatar a considérablement amélioré les normes de bien-être des travailleurs en adoptant plusieurs réformes de son Code du travail, et il faut regarder les raisons de ces décès », indiquait Orjan Lundberg à Reporterre. Depuis que le Qatar s’est vu attribuer l’organisation du Mondial, il a en effet adopté plusieurs réformes importantes de son Code du travail.

La principale protection des travailleurs contre la chaleur était une interdiction du travail à l’extérieur à certaines heures, entre le 15 juin et le 31 août. En mai 2021, l’émirat a élargi cette période du 1er juin au 15 septembre, et mis en place de nouvelles mesures, comme l’interdiction du travail à l’extérieur quand l’indice mesurant la chaleur (et l’humidité) atteint 32 °C. Les ouvriers ont désormais le droit de cesser de travailler et de porter plainte auprès du ministère du Développement administratif, du Travail et des Affaires sociales en cas de non-respect de ces mesures. Sur le papier, la « kafala », qui soumet les travailleurs au bon vouloir de leur employeur, a été abolie.

Mais dans les faits, les abus continuent. Les auteurs Sebastian Castelier et Quentin Müller, dans leur enquête Les esclaves de l’homme-pétrole (Marchialy), ont donné la parole à ces « esclaves contemporains » qui vivent dans des camps de travail, s’épuisent et meurent toujours dans des conditions extrêmes. Des centaines d’entre eux ont été expulsés quelques semaines avant le Mondial, avant l’arrivée des supporters.

7- Les personnes LGBT+ réprimées (...)

HRW a documenté six cas de passages à tabac « graves et répétés » et cinq cas de harcèlement sexuel en garde à vue entre 2019 et 2022. Comme condition à la libération des détenues transgenres, les forces de sécurité leur ont imposé des séances de thérapie de conversion dans un centre de « soutien comportemental » parrainé par le gouvernement. (...)

8- Les médias interdits de filmer dans certains lieux (...)

Les caméras devront être braquées sur les terrains de football, et pas ailleurs. (...)

En novembre 2021, deux journalistes norvégiens qui enquêtaient sur les conditions de travail de migrants sur les sites de la compétition ont été arrêtés et détenus pendant 36 heures alors qu’ils tentaient de quitter le pays.

9- Le Mondial de la corruption

La Coupe du monde a-t-elle été achetée par le Qatar ? Les accusations pleuvent depuis son attribution le 2 décembre 2010. Les preuves, elles, s’accumulent (...)

Comme l’ont révélé Mediapart, puis l’émission « Complément d’enquête » avec la cellule d’investigation de Radio France ou encore Blast, le pouvoir français est complice de ce scandale et a fait basculer le vote d’attribution du Mondial. Un « pacte corruptif » aurait été conclu le 23 novembre 2010, lors d’un déjeuner à l’Élysée organisé par Nicolas Sarkozy. Alors président de la République, il avait invité Michel Platini, président de l’Union des associations européennes de football (UEFA), l’émir du Qatar Tamim ben Hamad Al Thani et son Premier ministre. (...)

10- Des policiers et des gendarmes français sélectionnés pour la Coupe du monde

La complicité entre le Qatar et la France ne s’arrête pas là. Selon Le Canard enchaîné, le ministère de l’Intérieur s’est engagé à envoyer plus de 200 membres des forces de police pour aider le Qatar dans son organisation, dans un accord intergouvernemental signé le 15 mars 2021. 191 militaires seront mobilisés, dont 170 sont spécialisés dans la lutte anti-drones, et une dizaine de policiers spécialistes des mouvements hooligans. Le ministère a indiqué avoir répondu à une demande du Qatar, qui n’a pas les moyens humains et matériels d’assurer lui-même la sécurité de l’évènement.

11- Le patron de la FFF nie le scandale humain (...)