
Quelques jours après que les feux de l’actualité nationale se sont portés sur la ville de Lyon et que les images insolites de la place Bellecour sous la fumée des lacrymogènes ont saturé les JT, une analyse plus posée n’est pas inutile. D’abord parce que la circulation des images, et des indignations qu’elles suscitent, n’est jamais neutre, ni sans conséquences ; ensuite parce que, sous le spectacle, on découvre parfois une réalité toute différente.
Retour sur deux semaines électriques
(...) Et, comme le chien se mord la queue, la mobilisation médiatique locale a d’autant plus d’évidence que les journaux télévisés nationaux et régionaux, et jusqu’à la presse internationale [12], vont faire de Lyon le théâtre de l’indignation à bon marché en diffusant, et sous tous les angles, les images des événements [13]. Qui des jeunes, foulards sur le visage, lançant rageusement des pavés, qui des scènes de groupes en fuite dans les rues ou sur la place Bellecour, qui des devantures de magasins saccagés puis pillés… (...)
La question en l’occurrence n’est pas de nier ou de minimiser les actes mais peut-on vraiment, quand on prétend accomplir un travail de journaliste, s’arrêter là, c’est-à-dire à la simple « factualité des faits » comme aurait dit Desproges… ? Voire à reproduire et à reprendre l’explication officielle ? Celle du préfet et du maire de la ville par exemple, pour qui il s’agit au mieux d’une violence gratuite, au pire d’une violence intentionnelle et délibérée ? Ou encore celle du Procureur de la République dont la variante subtile balaye tous les scrupules : « ils commettent des délits par jeu » (...)
La question en l’occurrence n’est pas de nier ou de minimiser les actes mais peut-on vraiment, quand on prétend accomplir un travail de journaliste, s’arrêter là, c’est-à-dire à la simple « factualité des faits » comme aurait dit Desproges… ? Voire à reproduire et à reprendre l’explication officielle ? Celle du préfet et du maire de la ville par exemple, pour qui il s’agit au mieux d’une violence gratuite, au pire d’une violence intentionnelle et délibérée ? Ou encore celle du Procureur de la République dont la variante subtile balaye tous les scrupules : « ils commettent des délits par jeu »