
Faire des affaires avec la banque Goldman Sachs peut provoquer des crises politiques. C’est l’expérience que vient de vivre le Danemark. Le gouvernement a annoncé l’entrée de la banque états-unienne dans le capital de l’entreprise publique de l’énergie Dong Energy (l’équivalent de GDF avant sa privatisation). La nouvelle a suscité une vive réaction dans le pays : 200 000 personnes (sur les cinq millions d’habitants) ont signé une pétition en ligne pour protester contre cette prise de participation.
Des milliers de manifestants ont convergé vers le Parlement le 29 janvier. Six ministres, membres du Parti populaire socialiste, ont démissionné en signe de désaccord, provoquant une crise gouvernementale. La coalition nationale entre le Parti social libéral, les sociaux-démocrates et les socialistes en sort fragilisée.
Dong Energy est une entreprise stratégique, productrice de pétrole, de gaz naturel et d’électricité, avec un chiffre d’affaires de 9 milliards d’euros. L’accord avec Goldman Sachs prévoit l’achat de 19 % du capital – pour 1,1 milliard d’euros – réduisant d’autant la participation de l’État danois. La banque obtiendrait un droit de veto sur certaines décisions stratégiques, comme la nomination des dirigeants. Deux fonds de pension seraient partenaires de la banque dans cet investissement.
Les critiques portent notamment sur le fait que Goldman Sachs a prévu de procéder à cet investissement via une société basée au Luxembourg, en partie détenue par des actionnaires enregistrés aux îles Caïmans et dans l’État du Delaware aux États-Unis, rapporte le Financial Times. Un montage financier via des paradis fiscaux notoires qui exaspère une partie de la population. (...)