
C’est peu dire combien les politiques institutionnels sont pieds et mains liés aux cordons de la bourse de leurs financiers. Et qu’il ne faut guère attendre d’audace dans la reconstruction de la part de dirigeants aussi… dirigés ! Ni d’une démocratie privatisée, filtrée par le bon vouloir des pourvoyeurs de fond, avant d’être livrée aux électeurs.
Cette intrusion des milieux financiers et économiques dans les rouages politiques explique la paralysie des politiques devant la débâcle systémique depuis bientôt quatre ans. Intrusion à tous les niveaux. Il suffit de lire le traité européen de Lisbonne avec la pertinence goguenarde d’un Olivier Berruyer pour s’en convaincre.
(...)Que nous le voulions ou non, il va nous falloir trancher dans le vif. En commençant par remettre en cause les principes mêmes qui régissaient nos existences dans le monde d’avant :
– pas la peine d’invoquer un retour de la croissance (de quoi, pour quoi et pour qui ? ) quand le but est désormais d’harmoniser la production économique en fonction des réels besoins des populations et en respect de leur environnement de vie ;
– pas la peine de réclamer un retour du plein-emploi, quand le progrès technique rend celui-ci heureusement obsolète ;
– pas la peine de nous seriner avec cette histoire d’endettement quand celle-ci n’était qu’une façon de tenir les populations à merci d’un clan de privilégiés. (...)
Le problème que nous rencontrons aujourd’hui est de ne pas oser appeler par son nom cette rupture que nous pressentons de plus en plus comme incontournable. (...)
Puisque, on l’a vu, la solution ne viendra pas du “tout” (ces déplorables sommets officiels), elle ne peut venir que du “un” (à l’islandaise), c’est-à-dire de réponses individuelles, encore en marge, mais résolues, qui naîtront aux quatre coins de la planète, et qui avec un peu de chance, finiront par former un nouveau “tout” à peu près acceptable.
Tel est l’enjeu, pour notre coin à nous, de la prochaine présidentielle 2012. Ou bien les forces non compromises dans la débâcle systémique s’allient et prennent le taureau par les cornes. Ou le mieux pour l’électeur sera de rester chez lui. Au premier comme au second tour. Car le but de cette élection n’est pas de se débarrasser d’un matamore pathétique, mais de reconstruire un univers de vie avec des gens en mesure et en volonté d’y parvenir.
(...)
Parce que, de deux choses l’une : ou bien nous précipitons la fin du système en profitant de son extrême fragilité actuelle, ou bien il s’écroulera tout seul. Sauf que dans le premier cas, nous avons une petite chance de maîtriser notre destin, alors que dans la seconde éventualité nous le subirons avec toutes ses conséquences.
(...) Wikio