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Mediapart
Première victoire judiciaire pour 145 Camerounais contre le groupe Bolloré
#Bollore #Cameroun #Socapalm
Article mis en ligne le 2 décembre 2022

Il y a trois semaines, ils avaient eu droit à quelques instants de tintamarre médiatique. Jeudi 1er décembre, la cour d’appel de Versailles leur a offert leur première victoire judiciaire. Les 145 cultivateurs camerounais qui se battent contre les plantations de palmiers à huile de Socfin, entreprise étroitement liée à l’empire Bolloré, et de sa filiale camerounaise, Socapalm, devraient bientôt en savoir plus sur l’identité réelle de leurs adversaires.

La procédure lancée il y a un an en France, à l’origine de l’altercation entre Cyril Hanouna et le député insoumis Louis Boyard le 10 novembre sur C8, vise à prouver que Socapalm est en fait une filiale directe du groupe Bolloré. Une fois ce lien établi, les cultivateurs espèrent obtenir que le groupe français soit tenu responsable des nombreux préjudices qu’ils estiment subir du fait des activités de la plantation sur leurs terres : pollution, terres laissées à l’abandon, envahissement des sépultures ancestrales… (...)

Ils demandent donc à obtenir plusieurs documents internes de la Socfin et de la Socapalm, afin d’étudier leurs liens avec le groupe Bolloré. Le 7 janvier, les cultivateurs avaient échoué en première instance à se faire communiquer les documents convoités (...)

C’est cette décision que vient de casser la cour d’appel de Versailles. Elle a condamné la Socfin et la Socapalm à transmettre les procès-verbaux de leurs quatre dernières assemblées générales, et à payer 2 000 euros par jour de retard. (...)

Le contrôle par Bolloré jugé « plausible »

Depuis des années, le groupe Bolloré répète avec constance n’être en rien mêlé à la gestion de ces plantations et rappelle, avec la même constance, qu’il ne détient que 38,7 % de Socfin. Sur le papier, c’est bien le dirigeant de la Socfin, Hubert Fabri, qui a la main sur les hévéas et les palmiers à huile, depuis qu’il s’est partagé avec Vincent Bolloré les restes (considérables) de l’ex-groupe colonial Rivaud, dont le Français a pris le contrôle en septembre 1996 (lire ici notre récit détaillé).

Mais, en vérité, les deux hommes entretiennent toujours des rapports étroits (...)

Le contrôle par Bolloré jugé « plausible »

Depuis des années, le groupe Bolloré répète avec constance n’être en rien mêlé à la gestion de ces plantations et rappelle, avec la même constance, qu’il ne détient que 38,7 % de Socfin. Sur le papier, c’est bien le dirigeant de la Socfin, Hubert Fabri, qui a la main sur les hévéas et les palmiers à huile, depuis qu’il s’est partagé avec Vincent Bolloré les restes (considérables) de l’ex-groupe colonial Rivaud, dont le Français a pris le contrôle en septembre 1996 (lire ici notre récit détaillé).

Mais, en vérité, les deux hommes entretiennent toujours des rapports étroits (...)

La cour d’appel a jugé que ces divers liens sont « autant d’éléments qui constituent en effet un indice rendant plausible le fait que la société Bolloré exercerait un lien de contrôle, à tout le moins indirect, sur la Socfin ». (...)

Au passage, la cour d’appel souligne que « les activités de la Socapalm sont susceptibles de porter atteinte aux droits fondamentaux [des cultivateurs], et notamment à leur droit à un environnement sain », en s’appuyant sur les relevés démontrant la pollution des rivières desservant à la fois les palmeraies et leurs villages.

Le sujet des plantations est particulièrement sensible pour Vincent Bolloré et son entourage, comme l’a parfaitement illustré Cyril Hanouna sur C8. Au point de multiplier les procès en diffamation sur le sujet et de se voir accusés de mener des poursuites-bâillons destinées à faire taire leurs adversaires parlant un peu trop fort sur ce thème. Exemple parmi bien d’autres, la Socapalm et la Socfin ont poursuivi Mediapart et deux ONG. Les deux entreprises ont définitivement perdu leur procès en février 2019.