
En 1973 l’Irlande s’intégra à ce qui était alors la Communauté Économique Européenne – aujourd’hui élargie sous le nom d’Union Européenne. Depuis lors la politique extérieure de l’Irlande s’est progressivement soumise aux pouvoirs principaux de l’Organisation de l’Atlantique Nord. Les élites privées d’Europe, très favorables à l’OTAN, ont consolidé leur contrôle de l’Union Européenne. A mesure que ce processus avançait, le peuple irlandais, comme les autres peuples d’Europe, est devenu plus vulnérable aux différents coups portés par les politiques conçues et mises en place par ces élites.
En 2010, le gouvernement d’Irlande a appliqué un ajustement structurel de 4 milliards d’euros pour soutenir la récupération de banques qu’il avait garanties de manière irréfléchie en septiembre 2008. A présent, en 2011, sous les termes de "récupération" du FMI et de l’Union Européenne, le gouvernement d’Irlande appliquera un ajustement de 6 milliards qui atteindra 11 milliards en 2014.
Plusieurs votes lors des référendums organisés au sujet des différents traités de l’Union Européenne ont démontré que les irlandais tendent à se méfier des opinions arrangées pour eux et par la classe au pouvoir.L’élite financière occidentale et ses fondés de pouvoir politiques sont décidés à protéger un secteur bancaire corrompu qui a effectué des prêts à haut risque malgré l’énorme bulle du crédit et des biens fonciers devenue évidente depuis 2004 (...)
Après sa propre crise entre 1999 et 2002, l’Argentine affrontait une situation semblable. Économiquement, l’Irlande a encore le temps de suivre l’exemple argentin et de rejeter la dette. Mais elle doit aller beaucoup plus loin et reconnaître que son peuple ne jouira jamais d’une prospérité durable si l’État ne fait pas de l’autonomisation et de la diversification de ses relations extérieures un thème urgent. Le faire n’implique pas nécessairement sortir de l’Union Européenne.(...)
Prendre cette décision pourrait aider à briser la clef d’étranglement anti-démocratique des élites européennes sur les politiques de l’Union Européenne.Un élément crucial de la stratégie argentine pour sortir de la crise fut l’appui inconditionnel du Vénézuéla. Le Vénézuéla a acheté en grande quantité des bons argentins à des moments importants du développement de la récupération économique.La politique étrangère de l’Irlande s’est momifiée en tournant d’année en année autour de l’axe Bruxelles-Washington. .(...)
La force de cette gravitation s’affaiblira dans la mesure oú le capitalisme privé de consommation échouera à soutenir un niveau de vie de base pour un grand nombre de personnes et permettra que l’inégalité devienne structurelle. En Amérique Latine existe un fort consensus sur l’idée que la réduction de l’inégalité est essentielle pour obtenir la réduction de la pauvreté. .(...)
Il est impressionnant d’observer la symétrie négative entre ce consensus latino-américain et la détermination des gouvernements européens de trahir ce qui fut, en principe, la raison d’être originale de l’Union Europénne. Ceux-ci imposent des programmes d’ajustement structurel à leurs peuples tout en protégeant l’élite financière qui se trouve à l’origine de la crise économique.Il n’existe aucun motif rationnel pour que l’Irlande renonce à explorer une relation avec l’ALBA. .(...)
A l’inverse, les intérêts politiques, économiques, commerciaux, technologiques et culturels pour le faire, abondent.Les menaces conjointes de la militarisation globale et du réchauffement climatique requièrent une coopération beaucoup plus étroite entre petits pays pour qu’ils puissent défendre leurs intérêts face à des puissances économiques et militaires gigantesques comme les États-Unis et l’Union Européenne. .(...)