
Des investisseurs chinois ont acquis plusieurs centaines d’hectares de terres à céréales dans l’Indre. Lors d’une réunion publique le 19 novembre à Rambouillet sur l’accaparement de terres à laquelle Basta ! participait, un représentant du ministère de l’Agriculture a apporté quelques précisions sur ce rachat de 1700 hectares, l’équivalent de trois gros arrondissements parisiens. « Nous venons de rencontrer le groupe qui nous a indiqués vouloir développer une activité de fabrication de farine transformée en France, a t-il expliqué devant le public. Ce n’est pas forcément le modèle agricole auquel on aspire, mais ce projet a quand même l’intérêt de maintenir des terres agricoles pour lesquelles il y a une valeur ajoutée produite. »
Un projet agro-industriel visant à alimenter la Chine
(...) Le représentant du ministère a justement indiqué que des « connexions avec des groupes agro-industriels » avaient été établies « pour exporter la farine ». Et précisé qu’il s’agissait « d’une exportation de produits alimentaires vers un pays (la Chine, NdlR) n’assurant pas son autonomie alimentaire ». Le choix de l’Indre par des investisseurs chinois n’est peut-être pas une coïncidence, analyse Benoit Ducasse, journaliste à Campagnes solidaires. « Aux portes de Châteauroux, sur 440 hectares près d’une ancienne base de l’Otan, se profilent des bâtiments destinés à booster les échanges commerciaux entre la Chine et l’Europe, dont une plateforme logistique de 120 000 m2 » [2]. (...)
Failles juridiques
L’opacité demeure sur le prix du foncier qui a été négocié. Un ancien éleveur a par exemple cédé sa ferme de 120 hectares à la société Hongyang à environ 8000 euros l’hectare [3], quand celui-ci est estimé à 4000 euros en moyenne dans le département. Ces prix élevés peuvent expliquer pourquoi des paysans en fin de carrière ou en difficulté aient accepté de céder leurs terres. La Safer du Centre déclare évaluer plutôt les rachats « à environ 20 % au-dessus du marché, pas plus » [4]. Une enquête fouillée du site d’informations Reflets évoque d’autres prix, inférieurs au prix du marché.
Dans un communiqué publié en avril 2016, la Safer (société d’aménagement foncier et d’établissement rural) s’inquiète que l’on puisse « acheter 1700 hectares de céréales en France sans aucun contrôle » [5]. Les Safer sont sensées être informées de toute cession de terres agricoles. Elles disposent d’un droit de préemption pour l’acquisition et la revente à des agriculteurs. Ce droit peut être contourné par des montages financiers. (...)