
Alors que la pandémie mondiale de Covid-19 touche désormais la plupart des pays, 138 organisations de la société civile du monde entier publient une déclaration commune à l’occasion de la journée mondiale de la santé.
Ces organisations appellent les Etats et institutions internationales à annuler immédiatement les paiements de dette extérieure des pays du Sud et à débloquer des fonds d’urgence pour permettre aux pays vulnérables de faire face aux répercussions sanitaires, sociales et économiques de cette crise.
Avec la chute du prix des matières premières, l’augmentation des taux d’intérêts des prêts et la fuite inédite de capitaux, la crise déclenchée par la pandémie frappe violemment les pays en développement et annonce des crises économiques et sociales sans précédent.
Et alors que les besoins en matière de santé et de protection sociale explosent, l’effondrement annoncé des recettes publiques menace de plonger de nombreux pays aux structures sanitaires précaires et aux économies déjà fragiles, qui se trouvaient déjà en situation de surendettement avant la crise, dans la faillite.
Face à la catastrophe qui s’annonce, plus d’une centaine d’organisations de la société civile, dont celles de la Plateforme française Dette et Développement [1], affirment que toutes les ressources des Etats doivent être affectées d’urgence et en priorité aux besoins des populations, plutôt qu’au remboursement de leurs dettes.
Elles demandent aux institutions multilatérales et aux Etats détenteurs de créances envers ces pays, d’annuler immédiatement tous les remboursements de dette attendus en 2020 sans pénalités et sans report dans le temps pour tous les pays du Sud, sans conditionnalité, et de débloquer des fonds additionnels d’urgence.
Elles alertent également sur la nécessité de s’assurer que les fonds libérés par les annulations ne servent pas à rembourser d’autres prêteurs, notamment les prêteurs extérieurs privés. (...)
Des annulations complémentaires seront nécessaires au-delà de 2020. « Cette nouvelle crise illustre l’impérieuse nécessité de créer, sous l’égide de l’ONU, un mécanisme international de restructuration des dettes indépendant, équitable, complet et exécutoire afin de prévenir et résoudre les crises de la dette et d’éviter que les pays victimes retombent dans le piège de la dette, et hypothèquent leur développement et les conditions de vie de leurs populations », explique Lison Rehbinder, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire.