
En quelques semaines seulement, le peuple arabe semble avoir pris conscience du véritable visage de ses dirigeants, ainsi que de sa force lorsque ses actes sont guidés par la légitimité du nombre. On pourrait s’étonner de cette « peur » des régimes en place subitement dépassée, ou s’interroger sur le fait qu’après avoir tant critiqué les Musulmans, ce soit d’eux que provienne l’exemple d’une révolution populaire réussie ; mais ces considérations positives ne peuvent pas cacher le flou entretenu sur l’avenir de ces révolutions. J’ai déjà évoqué ailleurs les soupçons qui naissent à ce sujet, que confirment malheureusement les réactions de « l’Occident » face à ces évènements qui devraient pourtant susciter de sa part un soutien total et sans réserves.
Cette incompréhensible passivité se montre au grand jour actuellement, et met à mal tout le système mondialisé sur lequel repose la puissance de nos propres “démocraties”, c’est à dire une hypocrisie visible désormais par tous : nos richesses proviennent de l’exploitation de peuples soumis à l’autorité d’individus souvent enrichis et soutenus, voire formés par les pays occidentaux, qui ont engraissé les dictateurs de ces pays par leurs politiques commerciales agressives et une corruption structurelle les incitant à appauvrir leurs propres populations au profit de leurs seules personnes, mais aussi au prix d’une stabilité imposée de fait par ceux-là mêmes qui les critiquent aujourd’hui, (alors qu’elle leur a jusque là surtout profité).(...)
Pas étonnant donc qu’aujourd’hui la politique diplomatique occidentale semble dépassée, débordée par les évènements, ni que ces derniers mettent mal à l’aise nos dirigeants : laisser s’effondrer les dictatures sur lesquelles reposent la plupart des bénéfices de nos Etats, c’est ouvrir la voie à une liberté démocratique susceptible de remettre en cause leur propre domination sur leurs propres peuples. En permettant au monde entier de constater que la seule force du nombre est capable de renverser ses dirigeants les plus autoritaires, les « démocraties » occidentales craignent à présent que cette « tempête » ne devienne tsunami,(...)
L’idéologie du « choc des civilisations » est donc indispensable pour justifier les invasions irakiennes, le soutien d’Israël, les tensions face à l’Iran, les coupes budgétaires et la remise en cause des droits à la sécurité sociale ou au travail. Cette idéologie est nécessaire à l’ingérence des pays riches qui peuvent ainsi s’immiscer dans la vie politique locale des pays pauvres et influencer directement les échanges en pesant de toute leur influence militaire, financière et politique. Elle permet de s’accaparer les ressources de ces pays, et d’en contrôler tous les rouages en imposant les mesures qui les enrichit eux, au mépris de la protection sociale et du développement des peuples.
C’est ce “choc des civilisations” qui crée les conditions d’une crise dont les fautes seront rejetées in fine sur « l’ennemi musulman », bouc-émissaire servant de paravent aux véritables instigateurs de la misère des peuples, nos propres dirigeants élus “démocratiquement”…(...)
La légitimité des peuples n’est fondée que par le nombre, et ce n’est qu’en nous unissant que nous serons capables d’exiger les changements auxquels nous avons droit. Il faut nous organiser pour dénoncer partout les mensonges, utiliser les outils dont nous disposons pour les diffuser, les dénoncer, et les rendre visibles par tous. Nous devons être capables de créer un complot au grand jour, afin que les secrets disparaissent.(...)
Ce complot existe déjà, et il se nomme « Assemblée Constituante ». Il n’a besoin ni du gouvernement ni de son argent pour fonctionner, et constitue le seul rempart contre le vol des révolutions par d’autres que le peuple. Il doit s’accomplir au grand jour, car plus il sera visible, et moins il sera attaquable, jusqu’à devenir indispensable. Je vous invite donc une nouvelle fois à venir rejoindre ce complot, le seul qui permette à tous de devenir conspirateur, et surtout le principal bénéficiaire de sa réussite…(...)
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