Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Pour faire face aux déchets, le plan B’OM réduit leur volume
Article mis en ligne le 11 novembre 2015
dernière modification le 5 novembre 2015

Et si on prenait le problème des déchets à rebours des approches techniques portées par les pouvoirs publics ? C’est l’objet de l’alternative citoyenne zéro déchet, qui a fait ses preuves ailleurs dans le monde. L’association Zero Waste France dessine, avec son plan B’OM, les contours que prendrait une telle politique.

Opposition locale au projet d’hyper-incinérateur à Échillais (Charente-Maritime), abandon définitif du projet d’usine de méthanisation à Romainville, blocage des sites d’enfouissement de déchets en Corse... Ces événements récents posent une seule et même question : quelle politique de gestion des déchets mettre en place pour demain ?

Tous les projets cités répondent par une approche technique : incinérateurs, tri mécano-biologiques, mégadécharges… À grand renfort de nouvelles technologies, invoquées pour résoudre les problèmes posés par un volume de déchets toujours aussi important – bien que l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) constate une « stabilisation des déchets produits ». En France, le traitement des déchets représente le premier poste de dépense publique en matière d’environnement – 15,7 milliards d’euros – et il est géré à plus de 90 % par le secteur privé, « avec de juteux bénéfices », comme le rappelaient récemment des responsables du Front de gauche dans une tribune publiée par Bastamag. (...)

« Le zéro déchet est fondé sur un changement de paradigme favorisant la réduction à la source et la collecte séparée des biodéchets », explique Flore Berlingen, directrice de l’association Zero Waste France [1]. Une démarche déjà à l’œuvre ailleurs dans le monde (...)

« La marge de manœuvre est colossale, estime Flore Berlingen. Le meilleur moyen de démontrer l’inutilité de l’incinérateur, c’est encore de réduire le volume des déchets qui s’y destinent. » Pour cela, le plan B’OM s’appuie en premier lieu sur la gestion des biodéchets, ces détritus d’origine végétales ou animales, dont « la loi de transition énergétique rend obligatoire la collecte d’ici à 2025 », rappelle Antoinette Guhl, adjointe à la mairie de Paris en charge de l’économie circulaire et porteuse du Livre blanc du Grand Paris, qui fait la part belle à cet enjeu.

Présenté ce jeudi soir lors d’une réunion publique à Ivry-sur-Seine, le plan B’OM insiste sur le double levier de gestion de ces biodéchets : l’action individuelle, d’abord, par une « gestion de proximité » fondée, par exemple, sur un compostage domestique, en pied d’immeuble ou de quartier, l’action publique, ensuite, par la collecte séparée – rendue donc obligatoire à partir de 2025. À horizon 2023, l’association a fait le calcul : « Il est possible de détourner 310.000 tonnes/an de biodéchets de la poubelle des OMR (la poubelle dite “mélangée”) », à raison de 32 kg/hab/an de biodéchets collectés séparément par le service public et de 7 kg/hab/an grâce au compostage de proximité. Auxquels, il faut ajouter la réduction du gaspillage alimentaire, évaluée à 14 kg/hab/an.
Le grand chantier du papier et du carton

L’autre grand chantier du plan B’OM, c’est le papier-carton. « Dans les poubelles ‘’non-triées’’ de Paris, on trouve beaucoup plus de carton qu’ailleurs en France », souligne Flore Berlingen. En misant sur une politique de prévention et un meilleur système de collecte – comme à Toulouse, où il existe une collecte spécifique pour le carton dans les zones commerciales, par exemple – Zero Waste France prévoit de réduire de près de 215.000 tonnes le volume de papier et de carton aujourd’hui traité par incinération ou par mise en décharge. (...)