
Parmi les sujets les plus controversés sur ce blog, il y a, bien sûr, le conflit israélo-palestinien, mais aussi l’islam, sa place, son rôle. S’agit-il d’une religion à part, fondamentalement différente des autres croyances ? La doctrine religieuse, voire le Coran, permettent-ils de comprendre ce qui se passe dans le monde dit musulman ? Existe-t-il d’ailleurs une entité cohérente « monde musulman » (ou « islamique ») ? Ou « une société musulmane », « une science musulmane », « une histoire musulmane » ?
Que cette religion reçoive un traitement à part en France et en Europe, cela ne fait aucun doute. Imagine-t-on un éditorialiste français écrivant « je suis un peu judéophobe » ? Et pourtant Claude Imbert a écrit, sans en être discrédité, « je suis un peu islamophobe ». (...)
une des erreurs essentielles que l’on retrouve chez nombre de commentateurs est leur tentative d’expliquer le monde musulman actuel, ses forces politiques, ses conflits, par l’islam. Combien de fois n’a-t-on pas entendu dire que le prophète Mohammed ayant été chef militaire, cela expliquerait le caractère guerrier de l’islam (ce qui serait fondamentalement différent du christianisme) ; ou que telle ou telle sourate du Coran, éclairerait les actions d’Al-Qaida ? (...)
Dès le départ, l’auteur annonce sa volonté « de “désacraliser” la région (le Proche-Orient), en mettant en question le rôle prédominant attribué à la religion dans beaucoup d’écrits qui appliquent le qualificatif d’islamique (ou musulman) à leur culture et à leur société ». Existe-t-il vraiment, s’interroge-t-il, un art islamique, une musique islamique, une science islamique, une politique islamique ?
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Dès le départ, l’auteur annonce sa volonté « de “désacraliser” la région (le Proche-Orient), en mettant en question le rôle prédominant attribué à la religion dans beaucoup d’écrits qui appliquent le qualificatif d’islamique (ou musulman) à leur culture et à leur société ». Existe-t-il vraiment, s’interroge-t-il, un art islamique, une musique islamique, une science islamique, une politique islamique ? (...)
on arrive donc à cette situation paradoxale :
« Au Proche-Orient, comme dans le monde dit musulman, nous avons des sociétés et des systèmes politiques largement sécularisés qui se combinent avec des idéologies sacrées défendues aussi bien par les pouvoirs que par les oppositions. (...) Et plus les sociétés sont sécularisées, plus les autorités religieuses et les mouvements d’opposition veulent les décrire comme islamiques. » (...)
Zubeida rappelle que les trois religions monothéistes ont des corps de doctrine similaires sur la sexualité, le blasphème, les pratiques morales, etc. L’affirmation que les vérités religieuses ont la prééminence sur les vérités scientifiques se retrouve aussi bien dans l’islam que dans le christianisme. Et la peur née dans les sociétés européennes de la fatwa contre Salman Rushdie ne provient-elle pas du fait que ces sociétés ont connu les mêmes condamnations religieuses en d’autres temps ?
L’auteur en vient ensuite à la charia, qui est le point clef de la doctrine de toutes les forces islamistes. (...)
On peut résumer le propos de Zubeida en reprenant le grand penseur Edward Said sur l’islam : « Quand on parle de l’islam, on élimine plus ou moins automatiquement l’espace et le temps. » Et il ajoute : « Le terme islam définit une relativement petite proportion de ce qui se passe dans le monde musulman, qui compte un milliard d’individus, et comprend des dizaines de pays, de sociétés, de traditions, de langues et, bien sûr, un nombre infini d’expériences différentes. C’est tout simplement faux de tenter de réduire tout cela à quelque chose appelé islam […]. » (cité dans Alain Gresh, La République, l’islam et le monde, Hachette, 2006).