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Pour Simone Weil, « la grève est une joie pure »
#greves #manifestations #retraites #simoneWeil
Article mis en ligne le 8 mars 2023

Les blocages contre la réforme des retraites sont l’occasion de (re)découvrir la pensée de Simone Weil. Pionnière de l’écologie, elle défendait ardemment la grève, notamment le mouvement de 1936, auquel elle participa.

Cet article parle de la philosophe Simone Weil (1909-1943), à ne pas confondre avec la femme politique Simone Veil (1927-2017).

On doit à la philosophe Simone Weil l’un des plus beaux textes écrits sur la grève. Dans l’effervescence de mai 1936, à 27 ans, la jeune femme raconte, in situ, la joie et la dignité retrouvées par les travailleurs qui occupent leur usine. Le fracas des machines s’est tu, les contremaîtres ont fui. La grève offre un temps suspendu où l’espoir renaît, et où ce qui paraissait impossible la veille devient désormais à portée de main et de luttes. « Enfin, on respire ! » écrit-elle dans un article de la revue syndicaliste La Révolution prolétarienne (...)

« C’était le rassemblement au grand jour des opprimés contre les oppresseurs. Le début classique de la révolution. » On défiait, enfin, le pouvoir. On affrontait dans les yeux les patrons. Avec une fierté nouvelle. (...)

Près de quatre-vingts ans plus tard, ses mots nous parlent au présent. (...)

Le député François Ruffin dit qu’« il faut toucher les cœurs, réveiller la joie et l’orgueil contre la résignation ». La prix Nobel de littérature, Annie Ernaux, nous invite à « relever la tête ». La grève est l’ultime arme des dépossédés. Le dernier atout pour ne plus courber l’échine. Il faut tout arrêter pour que tout renaisse. (...)

« Toute pensée doit devenir action »« Toute pensée doit devenir action » (...)

Elle avait, comme on dit aujourd’hui, « déserté ». Après avoir été élève à l’École normale supérieure, après avoir obtenu brillamment l’agrégation de philosophie et enseigné un moment, elle avait décidé d’embrasser une autre existence.

Elle fut, tour à tour, ouvrière et travailleuse agricole. Elle donna des cours du soir aux cheminots et aux chômeurs. Elle travailla sur un chalutier, ramassa des pommes de terre, cueillit du raisin, enfourna pendant des heures des bobines de cuivre dans un four. Surtout, elle participa à la guerre civile espagnole avec les anarchistes. « Toute pensée doit devenir action », affirmait-elle. (...)

« L’actualité de Simone Weil tient à sa prémonition d’un effondrement possible de la civilisation industrielle », expliquent l’économiste et son acolyte Françoise Valon dans leur livre Simone Weil et l’expérience de la nécessité (Le Passager clandestin, 2016). (...)

Pour elle, « l’expansion capitaliste n’est plus loin du moment où elle se heurtera aux limites mêmes de la surface terrestre ». « Les Hommes se reproduisent, non le fer », disait-elle.

Son côté visionnaire est éloquent. (...)

« Espérer que le développement de la science amènera quelque jour, d’une manière en quelque sorte automatique, la découverte d’une source d’énergie qui serait utilisable d’une manière presque immédiate pour tous les besoins humains, c’est rêver », alerte-t-elle. (...)