Perenco est une discrète compagnie pétrolière française, propriété de l’une des familles les plus riches de France. Basta ! et son Observatoire des multinationales ont enquêté sur ses pratiques en Colombie, où Perenco dispose de plusieurs concessions aux côtés d’autres compagnies. L’industrie pétrolière y est accusée de contribuer à la sécheresse qui s’installe dans la savane amazonienne, et de nombreuses négligences face aux pollutions qui contaminent étangs et rivières.
Face aux actions de blocages organisées par les habitants et aux centaines de plaintes déposées, les autorités locales s’illustrent par leur totale indifférence. Ceux qui osent dénoncer ces pratiques sont menacés de mort, ou même assassinés, comme l’un des leaders locaux abattus le 13 novembre dernier. (...)
Les photos défilent, illustrations de la contamination, images d’animaux tels le capybara, ce grand rongeur typique de la savane des Llanos, recouverts de pétrole. Les piscines où le pétrole se déverse ne sont pas bien isolées, les animaux peuvent entrer. L’eau de pluie qui y tombe est évacuée sans traitement dans la savane. Milton raconte aussi les camions-citernes, jusqu’à sept tous les jours envoyés pour déverser leur contenu d’eaux usagées dans les rivières alentours. Il est le président du conseil de direction communale de Tesoro del Bubuy et, depuis 2009, il participe, avec la plus grande majorité de la communauté, à une bataille devenue juridique contre la multinationale qui exploite le champ pétrolifère de La Gloria.
Ce diaporama présente une sélection d’images transmises par les riverains des sites pétroliers de Perenco dans la région du Casanare : (...)
L’exploitation pétrolière est devenue la principale ressource économique, plaçant le Casanare au deuxième rang national des départements producteurs de pétrole, avec 2 286 millions de dollars de pétrole exporté en 2014. Des sécheresses inhabituelles sont apparues, comme celle de l’an passée qui a tué plus de 20 000 bêtes, sauvages et d’élevage, près de Paz de Ariporo [2]. Gourmande en eau, l’activité pétrolière est pointée du doigt. Au moins neuf barils d’eau sont prélevés pour chaque baril de pétrole généré. La captation des eaux souterraines par l’industrie pétrolière serait à l’origine de l’assèchement des étangs « d’été », ceux qui, en dépit de la période sèche, restaient à flot. Essentiels à l’équilibre écologique, ces étangs permettent d’abreuver bétail et faune dans une région où la température monte couramment à 40 °C à l’ombre.
L’eau souterraine extraite des perforations a de plus la particularité d’être salée. Rejetée dans la nature ou mal entreposée, elle contribue à déstabiliser l’équilibre écologique des Llanos et sa biodiversité. Normalement, un impôt prélevé auprès des compagnies pétrolières est prévu pour dédommager les villes de l’usage des sous-sols sur leur territoire. Mais la Contraloría, organisme de contrôle national des institutions publiques, a récemment révélé que, sur l’année passée, plus de sept millions d’euros provenant de cet impôt et destinés à la gestion de l’eau ont été perdus en raison d’une mauvaise gestion, dans le seul département du Casanare [3] (...)
Depuis sa prison l’un des chefs du groupe armé d’extrême droite, Nelson Vargas Gordillo, a avoué qu’il existait, treize ans auparavant, un accord entre les paramilitaires et Perenco [4]. Selon cette source, l’entreprise aurait payé au groupe paramilitaire un peu plus de 150 euros par camion-citerne accompagné pour sécuriser les trajets aux sorties des sites. C’est à cette époque que l’un des responsables du village de Tesoro del Bubuy, Wilson Pizon Romero, est assassiné. Le 13 novembre dernier, Daniel Abril, l’un des leaders locaux investis dans la campagne contre Perenco et Pacific Rubiales, est abattu à l’entrée d’un commerce de Trinidad par deux personnes à moto. (...)
Les propriétaires de Perenco : 13e fortune française (...)
Perenco est devenue une géante opérant en Asie, en Afrique, en Europe et en Amérique latine. Elle est sous l’unique possession d’une famille, les Perrodo, dont le logo à l’hermine rappelle leur origine bretonne. (...)