
Chaque année, 42 000 morts prématurées en France ont pour cause la pollution atmosphérique. Ce chiffre éloquent émane de la Commission européenne. Il est issu du rapport CAFE (Baseline analysis 2000 to 2020) publié en 2005 par le programme CAFE (Clean Air for Europe, « Air pur pour l’Europe »), suivi par la Commission de 2001 à 2006, pour lutter contre la pollution de l’air. Des statistiques astronomiques si on les compare aux 3 653 personnes qui ont été tuées sur les routes en 2012, selon les données de la sécurité routière. Si les gouvernements successifs se sont fortement mobilisés pour faire baisser le nombre de morts dans des accidents de la route, ils ne semblent pas très concernés par les morts et pathologies dues aux émissions de particules fines, en particulier à cause des moteurs diesels.
Le Grenelle de l’environnement (Grenelle II) avait pourtant lancé les ZAPA (zones d’actions prioritaires pour l’air) il y a deux ans. Onze zones dépassaient en effet les valeurs limites fixées par l’Union européenne. Neuf villes devaient y participer dont Paris, Saint-Denis, Clermont-Ferrand, Nice, Grenoble, Lyon, Aix-en-Provence ou Bordeaux. L’accès au centre-ville de ces agglomérations aux véhicules les plus polluants devait être interdit. Mais deux ans plus tard, aucune des villes concernées n’a déposé son dossier dans les délais, et le projet a été enterré par Delphine Batho qui considèrait les ZAPA « socialement injustes et écologiquement inefficaces ».
En septembre 2013, le ministère de l’écologie a présenté un nouveau plan, moins contraignant. (...)
« Des mesurettes », selon Michel Riottot, président de l’association Ile-de-France Environnement. Selon lui, « deux mesures ‘’phares’’ sont à l’étude dans la région : la réduction de la vitesse sur le périphérique de 80 à 70 km/h, qui, quand on sait que la moyenne journalière est de 38 km/h, ne représente qu’une baisse de 0,3 % des émissions de dioxydes d’azote. Quant au contournement des camions en transit par les rocades franciliennes, cela ne va concerner que 13 400 véhicules par jour sur 12 800 000 ! » Résultat de cette politique frileuse, les épisodes de pollutions se multiplient non seulement en région parisienne, mais aussi dans la plupart des grandes agglomérations.
Pourtant, l’Union européenne a engagé un contentieux avec la France à cause du dépassement fréquent des valeurs limites. La facture pourrait s’élever à cent millions d’euros par an. Rien qu’en Ile-de-France, il y a eu trente-deux épisodes de pollution au PN10 en 2012. (...)
A Bordeaux, les premiers bus roulant au gaz naturel sont apparus en 1999 et représentent plus de la moitié de sa flotte, ce qui n’empêche pas la capitale girondine de dépasser régulièrement les seuils légaux. Il faudra donc beaucoup plus de volonté politique pour faire changer les choses. Et le passage de la TVA sur les transports en commun de 7 à 10% au 1er janvier 2014 ne va pas dans ce sens.