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Placoplâtre va pouvoir reprendre les démolitions au Fort de Vaujours
Sauvons la Dhuis
Article mis en ligne le 7 mai 2015

Les services de l’Etat ont donné leur feu vert à Placoplâtre pour la démolition de 215 bâtiments anciennement occupés par le Commissariat à l’énergie atomique.

C’est une nouvelle qui met en ébullition les élus et les associations. Placoplâtre va pouvoir reprendre rapidement la démolition de bâtiments dans le Fort de Vaujours. Ces travaux étaient suspendus depuis un peu moins d’un an. Le sujet est sensible : le site, à cheval sur les départements de Seine-Saint-Denis et de Seine-et-Marne, a autrefois abrité le Commissariat à l’énergie atomique qui y a réalisé des expériences en détonique nucléaire.

En février 2014, des mesures avaient confirmé la présence, en certains points du site, de pollution radioactive. Et, quelques mois plus tard, Placoplâtre, qui souhaite y ouvrir une carrière de gypse à ciel ouvert, avait dû suspendre ses travaux de démolition.

Or, le géant du plâtre vient d’obtenir le feu vert des services de l’Etat et de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), à l’issue d’une commission de suivi qui s’est tenue mardi après-midi, en sous-préfecture du Raincy. « La société Placoplâtre s’est engagée … à respecter scrupuleusement les recommandations de l’ASN et, en l’état, rien ne s’oppose à la poursuite de la démolition qui commencera par les bâtiments n’ayant jamais fait l’objet de stockage, d’utilisation ou de transit d’uranium », annonce le préfet du 93, Philippe Galli, par voie de communiqué. Il ne s’agit pour l’heure que de démolir les installations en surface, pas encore d’intervenir en sous-sol. De son côté Placoplâtre se réjouit de cette nouvelle et annonce reprendre les démolitions « dans les prochains jours ». (...)

Parmi les élus présents lors de la commission de suivi, la sénatrice (Europe Ecologie) Aline Archimbaud se plaint de n’avoir eu accès « ni au rapport de l’ASN, ni au protocole de Placoplâtre ». Les discussions, décrit-elle, ont été « très dures ». « Placoplâtre met une pression terrible pour reprendre les travaux au plus vite ». Un point surtout soulève l’inquiétude. L’ASN recommandait en mars « qu’il soit fait appel à un tiers expert pour le suivi des opérations ». Mais la préfecture annonce désormais que Placoplâtre mettra en place un « dispositif d’autocontrôle », en rétribuant directement le laboratoire chargé du suivi.

« On est bien en présence d’un site pollué. Qu’on démolisse avec toutes les précautions nécessaires, pourquoi pas ? Mais nommer un tiers expert payé par Placoplâtre me semble difficilement acceptable ! », réagit Ludovic Toro, maire UDI de Coubron, qui va écrire aux ministres de la Santé et de l’Ecologie. (...)

Le collectif « Sauvons la Dhuis », qui ne siège pas à la commission mais vient de déposer une plainte pour mise en danger de la vie d’autrui pour des démolitions intervenues l’an dernier, est atterré. « Nous allons relancer la mobilisation et appeler à manifester », prévient Christophe Nédélec, à l’origine d’une pétition réclamant « la vérité sur le fort de Vaujours » qui a recueilli plus de 130 000 signatures.

« La gestion de ce dossier est particulièrement inacceptable »
Sollicitée par certaines associations pour venir à la commission de suivi mardi, la Criirad (Commission de recherches et d’information indépendantes sur la radioactivité) avait finalement décliné l’invitation, expliquant que, faute d’avoir pu accéder en amont au protocole soumis par Placoplâtre à l’ASN, il n’était « pas possible de porter un regard critique sur le projet ». (...)

le chef du laboratoire de la Criirad, Bruno Chareyron, regrette que « la réalité nous donne raison ». « Nous avons l’habitude de ces commissions de suivi qui sont davantage des chambres d’enregistrement que de véritables lieux de débat et de contre-expertise », poursuit le scientifique, qui estime que « la gestion du dossier du fort de Vaujours est particulièrement inacceptable ».

« Depuis le début, les experts mandatés par l’Etat ou Placoplâtre concluent à l’absence de contamination radioactive, alors qu’elle est avérée. »
L’ingénieur, qui trouve également aberrant qu’on « saucissonne les travaux de surface et en sous-sol, qu’on sépare la radioactivité des autres pollutions alors que le problème devrait être traité globalement », a « le sentiment que les choses sont jouées d’avance. Il y a de quoi être choqué et inquiet ».